Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/608

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finitive que des milieux spéciaux où les Vocates Procédants germent, croissent et sont cultivés comme en serre chaude (car, je le répète, il n’en existe pas que dans le spiritisme), et les Vocates Procédants, dis-je, représentent le premier pas vers l’enfer qui appelle celui qui les fréquente. De là à l’abîme il n’y a qu’un pas, et ce pas est vite franchi, grâce au Palladisme qui veille avec ses mille yeux d’Argus.

En Orient, en effet, plus que partout ailleurs peut-être, le Palladisme est là qui guette constamment des proies nouvelles ; là il fleurit, là il est surtout nécessaire, indispensable au diable, parce que la aussi l’effort des missionnaires du Christ est plus grand. Aussi y est-il à son maximum d’intensité, à son maximum de culte, à son maximum aussi d’effets, de phénomènes.

Grossier, bas et sanguinaire, il répond en tous points aux aspirations de races que le catholicisme a entamées à peine et qui, sans lui, seraient totalement vouées au diable.

L’importance et la manifestation divine de l’utilité des missions catholiques ressort donc impérieusement de ce qui précède. C’était l’honneur et la gloire de la France chrétienne d’en avoir été, pendant des siècles, la protectrice officielle née : c’est aujourd’hui son opprobre de les délaisser, et c’est la marque que chez nous aussi le diable fait des progrès.

Ainsi donc, — et pour bien montrer l’unité d’action du diable, qui agit partout et toujours, et dans tous les ordres d’idées, de la même façon, — de même que chez les spirites européens et américains nous avons les trompeurs, les Vocates Procédants, enfin les Vocates Élus, de même, dans l’Inde, nous avons les jongleurs, les Vocates Procédants du fakirisme, comme à Galle et à Pondichéry, les Vocates Élus enfin, comme les lucifériens de Singapore et de Calcutta ; de même, en Chine, nous avons les bouddhistes simples, puis les thian-niu du Yu-Kiao, enfin les parfaits initiés de la San-Ho-Hoeï.

Partout donc, on le voit, même plan et unité d’action.

En Chine notamment, l’intermédiaire entre la jonglerie et le luciférianisme pur est des plus caractéristiques.

Le Yu-Kiao, — ce qui signifie : la Maison des Sages, — est le nom d’une secte spirite, fort répandue, qui n’a pour médiums que des jeunes filles, exclusivement, et dans laquelle on procède d’une façon curieuse.

Les membres de la secte reconnaissent à certains signes, qu’il serait trop long d’énumérer ici, qu’une jeune chinoise est « thian-niu » ; c’est ainsi qu’ils appellent cette espèce de médiums. Ce titre se traduit assez bien par fille du ciel. « Niu » signifie à la fois : jeune fille, vierge, vertu pure, les mains jointes, modeste, calme et réfléchissant.