Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/622

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teignit en se brisant en mille morceaux, tandis que des sifflements effroyables partaient de tous les coins du salon.

D’autres faits, qui ont à un moment défrayé à Paris et la cour et la ville, méritent aussi d’être brièvement rapportés.

C’était sous l’Empire, à l’époque, tout le monde s’en souvient, où l’impératrice eut la manie, singulière pour une espagnole chrétienne, de faire du spiritisme. Hume, le célèbre médium, fit un instant la pluie et le beau temps à la cour. À l’empereur, il faisait apparaître la main de son oncle Napoléon Ier ; à l’impératrice, les tables prédisaient l’avenir. Jusque-là, tout allait bien ; mais, là aussi, tout à coup les choses tournèrent au tragique.

Ce fut d’abord la comtesse de M***, femme d’un général et l’une des dames du palais, qui, un soir de séance, poussa un cri formidable, tomba de tout son long par terre, évanouie, faisant évanouir, l’impératrice de son côté. Quand la comtesse revint à elle, elle était inondée de sang, et l’on constata qu’elle avait sur le bras une énorme plaie produite par une griffe, dont elle avait, dit-elle, très bien senti l’égratignure. C’étaient la douleur et le saisissement qui avaient été cause de son évanouissement.

La comtesse allait être mère. On comprend ce qui s’ensuivit de la formidable secousse ; un malheureux petit être de plus, innocent, allait peupler les limbes.

Puis, ce fut la duchesse de B***, attachée également à la personne de l’impératrice, qui, logée aux Tuileries elle aussi, se réveilla une nuit à la suite d’une séance de spiritisme, en poussant des cris affreux. Les femmes accoururent et virent les meubles de l’appartement danser. Il était deux heures du matin.

On pense la terreur et le brouhaha que cela fit au Palais. Les phénomènes ne s’arrêtèrent qu’à l’arrivée du père de Ravignan, qui prit sur lui de bénir aussitôt l’appartement. Comme bien on pense, l’impératrice mit un frein à sa fureur de spiritisme, et Hume fut congédié de la cour.

Sandeman, — pour parler d’un fait récent, — m’a raconté un incident à la fois bizarre et fantastique, dont il fut la cause, il y a de cela quatre ans à peine, au courant de l’hiver 1889-1890, à Londres.

Il assistait à une soirée assez intime chez milady W***, qui avait choisi ses invités exclusivement parmi des spirites, tous plus ou moins Vocates Procédants.

On fit d’abord tourner et parler une table, mais sans que personne la touchait ; il n’y avait donc aucune supercherie, et les assistants étaient bien tous réellement de vrais spirites.

Sans rien dire à personne, Sandeman, qui est, on le sait, Mage Élu,