Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/697

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menter une créature. Il n’y a que de la sagesse en cela. Sans compter que ce sera une leçon pour beaucoup. L’homme a à sa disposition un triple moyen de connaissance : la raison, la foi et l’expérience. La raison naturelle lui montre Dieu et ses œuvres, la foi lui apprend avec plus de certitude ce que la raison lui montrait de Dieu, et d’autres choses que la raison ne pouvait connaître. Mais il y a des hommes si aveugles que ni la raison ni la foi ne les peuvent éclairer ; Dieu veut leur ouvrir les yeux par l’expérience. L’athée qui ne croit pas qu’il y ait des esprits ou qui nie la Providence de Dieu sur les hommes, voyant un possédé, est convaincu par ses sens qu’il y a des intelligences et d’autres créatures que les corporelles ; car, voyant que ce possédé parle latin ou toute autre langue qu’il n’a pas apprise, découvre les choses secrètes ou éloignées, obéit au commandement qu’on lui fait par la seule pensée. qu’il fait en un mot tant de choses qui surpassent le pouvoir de l’homme, est contraint de conclure qu’en ce possédé il y a quelque chose de plus que l’homme, et puisqu’il ne peut voir de ses yeux ce principe qui le fait agir ainsi, il faut que ce soit une chose incorporelle, spirituelle ; et comme il voit une pauvre créature admirablement garantie de la fureur d’un ennemi sur lequel rien de naturel n’a aucun pouvoir, il faut qu’elle soit sous la sauvegarde d’une puissance surnaturelle. Le Juif est disposé à recevoir la foi de Jésus-Christ, au nom duquel il voit que les esprits malins sont domptés et chassés. Le philosophe païen ou incrédule ne trouve pas étrange le mystère de l’Incarnation, voyant en sa présence un démon presque incarné. L’âme pécheresse voit un échantillon de la torture qu’elle doit souffrir en enfer et comprend avec quelle cruauté le démon tourmentera l’âme qui lui sera livrée éternellement, puisqu’il exerce une telle rage sur celle qui, après tout, est peut-être en grâce avec Dieu et peut se sauver. L’âme fidèle apprend à ne pas mépriser la voix de l’Église et de ses ministres, puisque Lucifer lui-même ne la peut mépriser ; elle voit combien sont grandes ses obligations à Jésus Rédempteur, qui nous a affranchis de la tyrannie d’un ennemi si furieux.

De la part de Satan qui accepte volontiers la permission de posséder une créature, les raisons sont multiples. Elles se tirent de sa haine pour Dieu et de son envie pour l’homme. Il est l’ennemi des trois personnes de l’adorable Trinité et de toutes les perfections de Dieu ; mais il en veut particulièrement à la seconde personne, au Fils, le Verbe de Dieu incarné ; aussi ce singe de Dieu est porté à affecter une ressemblance et une égalité entière avec lui. Il ne peut souffrir que la nature humaine qu’il regardait au dessous de la sienne dans l’ordre de la création, qu’il avait corrompue par sa malice, sur laquelle il avait exercé si longtemps une tyrannie paisible, qui était ennemie de Dieu comme lui, et qui de-