Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/705

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sans y insister, je dirai seulement que, dans cet ordre d’idées, le diable peut pousser à tout, depuis l’idée seule, la suggestion de la pensée, jusqu’à l’acte de l’animalité la plus grossière terminé quelquefois par le, crime.

S’il m’était permis d’entrer dans des détails techniques médicaux, je pourrais ici montrer au lecteur que certains de ces crimes, classiques, si on peut s’exprimer ainsi, ne se justifient et ne s’expliquent ni par l’hystérie ni par la folie ; qu’ils ne ressortissent d’aucune hallucination, d’aucun besoin à assouvir, d’aucune aberration sexuelle ; mais qu’ils se développent tout à coup, au milieu du calme le plus parfait de l’acteur qui les commet et de l’endroit où ils se passent, inattendus, monstrueux, surhumains, et par cela même caractéristiques de leur marque de fabrique démoniaque.

Les vampires, notamment, sont des possédés, selon toute vraisemblance.

Il me suffit d’avoir effleuré ce sujet ; je ne veux pas y insister ; je demande même pardon au lecteur d’avoir attiré et retenu un instant son attention à cet égard.

À côté de cette obsession honteuse, il en faut placer une, très fréquente à notre époque ; c’est l’obsession anticatholique.

Elle commence par l’esprit de doute.

Quelques-uns, et des meilleurs catholiques, des pratiquants zélés quelquefois même, sont subitement saisis d’idées qui leur traversent le cerveau. Cela n’a que la rapidité d’un éclair, d’un vertige ; mais c’est, en tous cas, un qui sait ? Le diable a passé là par hasard ; et, pour se moquer du fidèle, dans un but de malice qui peut paraître sans conséquence, il a laissé tomber un grain d’ivraie dans le champ du Bon-Pasteur.

Dès lors, le repos du chrétien est troublé ; il hésite, il chancelle, et il lui faut parfois faire appel à toute sa raison et à tout son bon sens pour se remettre de la chaude alarme. L’ivraie prend rarement, lorsque le champ est bien surveillé et fréquemment débroussaillé.

Nul n’est à l’abri de cette forme d’obsession, peut-être la plus dangereuse de toutes par son apparence inoffensive.

Quelquefois aussi, au hasard du semis, le grain d’ivraie tombe dans une flaque d’eau à la surface limpide, mais dont le fond est boueux, vaseux. Alors, sur ce terrain propice, la plante ne tardera pas à pousser, offrant au Maudit l’occasion d’une future moisson. Les racines ont ramifié drues et serrées dans la vase ; l’obsédé d’aujourd’hui sera le possédé de demain.

Il faut l’avouer encore, il y a à notre époque une vaste étendue de marécages : toute cette foule à laquelle maçons et lucifériens hauts-gradés