Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/707

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ture de Dieu, ou qui n’y veulent voir qu’hallucination et vésanie ; et je ne sache pas que l’article 7 et l’expulsion des congrégations religieuses, résultats d’obsessions diaboliques chez ceux qui les ont décrétées et exécutées, soient des hallucinations ou des suites d’hallucinations, ni que l’hystérie ait joué chez Gambetta, Jules Ferry, Bismarck, le moindre rôle dans la perpétration de ces infamies.

Allons donc ! et l’évidence saute aux yeux.

Néanmoins, publier une pareille nomenclature de faits nous mènerait bien loin, et nous n’aboutirions au surplus qu’à des répétitions.

Un exemple seulement suffira pour démontrer, de façon à défier toute contestation, ce qu’est l’obsession persécutrice, bien qu’elle puisse se présenter sous des variétés innombrables. Cet exemple, pris en ce siècle, est celui du bienheureux curé d’Ars, cas qui est bien connu et que je me bornerai à résumer.

Jean-Baptiste-Marie Vianney, né à Dardilly, près de Lyon, le 8 mai 1796, de parents simples, charitables, pieux, édifia dès sa jeunesse tous ceux qui le connurent ; il gardait le troupeau de sa famille. Sa vocation sacerdotale fut découverte par l’abbé Charles Balley, un saint prêtre qui avait courageusement et glorieusement traversé les épreuves de la Révolution, et qui fut nommé curé d’Écully à la restauration du culte. Jean-Marie fit alors d’Écully à la Louvesc un pèlerinage à pied au tombeau de saint François Régis ; son but était de mettre sa vocation naissante sous la protection de ce saint.

Le 9 août 1815, Jean-Marie fut ordonné prêtre par Mgr Simon, évêque de Grenoble, un des prédécesseurs du vaillant antagoniste de la franc-maçonnerie actuelle, de celui qui a porté à la secte des coups si rudes qu’elle lui a voué sa haine la plus rigoureuse. (J’ai nommé Mgr Fava, dont les luttes énergiques contre les fils du diable ont provoqué l’admiration des honnêtes gens du monde entier, Mgr Fava qui a l’honneur d’être brûlé chaque année, régulièrement, en effigie, ainsi que quelques autres princes de l’Église : le Saint-Père, à la date du 20 avril ; Mgr Fava, à celle du 25 juillet. Mais j’aurai à revenir sur ce sujet plus spécialement.)

Jean-Marie Vianney fut donc nommé vicaire de l’abbé Balley, à Écully. L’abbé Balley meurt, et Jean-Marie devient curé à Ars, arrondissement de Trévoux, dans l’Ain. Dès qu’il a pris possession de sa cure, il établit et multiplie les bonnes œuvres dans sa paroisse : adoration perpétuelle du Saint-Sacrement, association pour les communions fréquentes, prière du soir en public, confrérie du Saint-Rosaire, une providence ou asile d’orphelines qui fut le modèle de nombreux établissements du même genre et où passa tout le bien que lui avaient légué ses parents.