Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/710

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Les adeptes de la fausse science (car il n’est de science vraie que celle qui est éclairée par la foi) poussent l’audace jusqu’à traiter de cas de folie ou d’hystérie celui du bienheureux curé d’Ars et les autres semblables. À leur suite, les catholiques superficiels, ceux qui, par un sot orgueil, tiennent souvent pour non avenus les avis et les enseignements qui émanent de la chaire auguste de Pierre, les mauvais catholiques, pour dire le mot, n’osent pas accuser le curé d’Ars d’imposture ; mais ils affectent de ne voir en lui qu’un halluciné ; car, dans leur suffisance et leur présomption, ils n’ont même pas le respect des saints. De l’aveuglement volontaire des uns et des autres, Satan se réjouit, et un jour, — mais il sera pour eux trop tard, — ils constateront, dans les flammes éternelles, sa très réelle existence.

En attendant, pour que ma démonstration soit complète en ce qui concerne Jean-Marie Vianney, je considère comme essentiellement utile de reproduire ici quelques extraits des sermons si touchants que le curé d’Ars avait l’habitude d’adresser à ses paroissiens ; ces sermons sont de véritables chefs-d’œuvre de bon sens, de piété et de douceur angélique. Qu’on en juge :

« L’homme, disait le bienheureux, a été créé par amour : c’est pourquoi il est si porté à aimer. D’un autre côté, l’homme est bien grand, dans la création ; il en est le roi ; aussi, rien ne peut le contenter sur la terre. Il n’y a que lorsqu’il se tourne du côté de Dieu, qu’il est content… Tirez un poisson hors de l’eau, il ne vivra pas ; eh bien, voilà l’homme sans Dieu…

« … La terre est un pont pour passer l’eau, elle ne sert qu’à soutenir nos pieds… Notre langue ne devrait être employée qu’à prier, notre cœur qu’à aimer, nos yeux qu’à pleurer nos péchés…

« … Comprendre que nous soyons l’ouvrage d’un Dieu, c’est facile ; mais que le crucifiement d’un Dieu soit notre ouvrage, voilà qui est incompréhensible… L’enfer prend sa source dans la bonté de Dieu. Les damnés diront : « Oh ! si du moins Dieu ne nous avait pas tant aimés, nous souffririons moins ! l’enfer serait supportable ! Mais avoir été tant aimés et être restés indignes de cet amour, ne pas l’avoir compris, ne pas l’avoir reconnu, quelle douleur ! »

« … Comme une belle colombe blanche, qui sort du milieu des eaux et vient secouer ses ailes sur la terre, l’Esprit-Saint sort de l’océan infini des perfections divines et vient battre des ailes sur les âmes pures, pour distiller en elles le baume de l’amour… Le Saint-Esprit repose sur une âme pure, comme sur un lit de roses… Il sort d’une âme où réside le Saint-Esprit une bonne odeur comme celle de la vigne, lorsqu’elle est en fleur… Quand on a conservé son innocence, on se sent