Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/762

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Un singulier rapprochement se faisait en mon esprit, précisément entre Yokohama où j’allais et Gibraltar devant lequel je venais de passer : tous deux nés dans le cataclysme que l’on sait ; tous deux sur la même latitude, qui est, au surplus, celle de Charleston (il suffit de jeter un coup d’œil sur une carte pour constater cette singularité de situation identique, par rapport à l’équateur, de Charleston, Yokohama et Gibraltar) ; tous deux mystérieux dans leurs origines humaines ; et, par un plus singulier rapprochement encore, servant tous deux de limite d’habitat septentrional à une seule et même race de singes, le macaque, macacus speciosus à Yokohama et innuus à Gibraltar. Et du singe, je passais à l’homme, me demandant si-je ne trouverais pas les mêmes analogies ou les mêmes rapprochements ? cette idée me venant comme cela, sans pensée irréligieuse, mais uniquement pour examiner et même trouver en défaut messieurs les darwinistes.

Et d’ailleurs, ces mots « homme » et « singe » n’ont-ils pas été rapprochés volontairement par ces pseudo-savants, vrais sectaires ? et toute une science, l’anthropologie, ne s’est-elle pas fondée pour fausser l’intelligence de la jeunesse et lui faire croire que l’homme descend du singe ?

Ici, au lieu de suivre le fil de mes études et de mes réflexions, le lecteur me permettra de lui exposer rapidement un coin de cette science anthropologique, qui touche de si près au diable par ce côté surtout, et qui en est en tous cas directement inspirée, on va le voir.

Croire et chercher à démontrer, contrairement à la doctrine de l’Église, à la révélation, que l’homme descend du singe, est un singe transformé, est une des formes les plus bizarres de l’obsession irréligieuse, et mal heureusement une des plus spécieuses que le diable ait de nos jours inventées, et, en apparence du moins, une des plus attirantes pour un médecin chercheur.

Nous avons, à l’égard de la création, un dogme catholique, une révélation. Nous savons à n’en pas douter que Dieu créa l’homme, qu’il le créa à son image, qu’il le créa donc à l’image de Dieu, ainsi que le dit la Bible, et que cette création fut séparée des autres, fut un acte spécial de la divinité.

Pourquoi donc, puisque cela est vrai, créer une science qui torture les textes, force les analogies, dénature l’anatomie, pour insinuer quoi ? que l’Évangile ment.

Pourquoi s’abrutir le cerveau en des chinoiseries scientifiques ? pourquoi, avec Ch. Martins et Durand (de Gros), chercher comment, le mode suivant lequel une nageoire se transforme en membres coudés dans le même sens, comme chez la tortue ; puis, dans des sens opposés comme