Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/764

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C’est cette doctrine que Cuvier a combattue en soutenant, au contraire, celle des créations successives.

« Quel que soit le secret de l’origine des êtres, dit l’anthropologiste, il est certain que les choses se présentent comme s’ils dérivaient les uns des autres. Bien des lacunes existent entre eux ; mais le nombre en diminue de jour en jour par des découvertes imprévues au fond de l’Océan, dans le sein de la terre, en des coins jusqu’ici inexplorés du globe. »

Tel est, on le voit, le plan général de la création des espèces animées, comme le comprend et l’enseigne l’anthropologie, qui peut se résumer en deux mots : « Continuité et transformisme ».

À cette doctrine vient s’ajouter celle de Satan qui l’agrandit tout d’abord et la généralise plus encore.

« Le Dieu des chrétiens, créateur de toutes choses, n’existe pas », dit l’esprit du mal, lorsqu’il veut s’attirer des âmes en fomentant les divers systèmes matérialistes.

« Il peut y avoir un être suprême, divisé en deux principes surnaturels ; mais, au sens vrai du mot, il n’y a pas eu de création, et Adonaï est un imposteur. Il y a eu, de tout temps, une certaine quantité de matière préexistante et une certaine quantité de force.

« À un moment donné de l’évolution des siècles, de l’espace et du temps, sous certaines conditions absolument physiques et chimiques, d’essence absolue et primordiales aussi, la force a agi sur la matière pour la transformer.

« Parmi d’autres choses, et pour n’envisager que notre système planétaire, le soleil s’est créé, c’est-à-dire le feu, c’est-à-dire une simple transformation du mouvement qui est la vraie force initiale préexistante, et maintenant le soleil met à la surface de la terre, sous forme de lumière et de chaleur, deux forces vives, lesquelles y sont emmagasinées, sous forme de force latente, par les plantes, lesquelles, à leur tour mangées par les animaux, sont par eux retransformées en forces vives de mouvements. Les animaux, enfin, en mourant, restituent à la terre toute cette force redevenue latente ; et la terre, cette matière éternelle, transformable, mais indestructible, devient le réservoir de cette force, transformable aussi, mais éternelle et indestructible aussi, le mouvement. »

Voilà donc, expliquée par le diable et professée par les savants irréligieux, l’idée générale qu’il se faut faire de notre monde actuel, hypothèse chimique, physique et mécanique ; en tous cas, hypothèse simplement, même si on laisse de côté l’enseignement de l’Église. Et ici nous remarquerons, une fois de plus, combien la pseudo-science, si intraitable quand il s’agit de dogmes religieux catholiques seulement (car des