Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/770

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Que le lecteur se rappelle ce que je lui ai dit de ces divers pays en leur état actuel, des révolutions dont ils ont été le théâtre. Là, apparaissent les indices probables d’un monde qui, ayant hautement renié Dieu pour adorer publiquement Satan, a été englouti dans une heure de châtiment terrible ; mais rien ne révèle dans ces bas-fonds la preuve de l’existence d’un anthropopithèque ou de tout autre échelon intermédiaire entre le singe et l’homme.

Ainsi donc, on le voit, au dire de l’anthropologie, tout concorde, la physique, la chimie, l’histoire naturelle et la géographie, pour détruire la conception de la création telle que l’enseigne l’Église ; telle qu’elle vient d’Adonaï, ajoute Satan à demi-voix.

Il n’y a pas jusqu’à l’embryogénie matérialiste qui ne vienne y apporter sa note, en nous montrant l’embryon passant successivement par toutes les mêmes phases, protoplasmiques, aquatiques, acéphales et acérébrales, puis définitivement fixes, dans sa vie intra-utérine, par lesquelles l’homme d’Hœckel a passé au cours de ses diverses transformations terrestres. Ce que nous voyons sous le champ du microscope pour la cellule, nous le retrouvons chez l’homme tout entier à sa période de formation. Hœckel dixit.

Nous voilà donc bien et dûment, n’est-ce pas ? essences de singe ; les vingt-deux phases ou périodes d’Hœckel nous le démontrent victorieusement. Quel dommage seulement que Hœckel ait oublié le vingt-troisième degré, celui dans lequel se manifestent les Bossuet et les Léon XIII !

C’est, en effet, là, la pierre d’achoppement de tout le système diabolique. Toute l’argumentation repose sur l’anatomie et les analogies, qu’elle fournit, entre l’homme et les animaux, comme nous allons le voir. Mais là elle s’arrête, et, après avoir buté une première fois sur l’échelon intermédiaire qui lui manque entre l’homme et le singe, elle tamponne et déraille sur l’homme intelligent, l’homo sapiens, celui qui pense et qui croit à Dieu.

Voici comment procède l’anthropologie, pour en arriver à sa démonstration ; pour elle, la question se pose en ces termes : « Quelle est la valeur des caractères qui séparent l’homme des singes et en particulier des anthropoïdes ? leurs différences répondent-elles à la distance qui sépare deux familles ou deux ordres ? »

C’est ce que l’on appelle l’anthropologie zoologique.

Elle étudie tout d’abord l’anatomie, pièces par pièces, morceaux par morceaux, os par os, et la porte toute son attention à démontrer que tel os du bœuf, du singe et de l’homme sont entièrement semblables, que le crâne, l’angle facial, la situation et la direction du trou occipital, la forme