Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/833

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raisons qu’emploie le moine Glaber pour réfuter leur doctrine. Il montre premièrement la nécessité de croire en Dieu, souverain auteur de toutes les substances corporelles et incorporelles. Il marque la source du mal, en ce que la créature s’est écartée de l’ordre prescrit par le Créateur. Il dit que l’homme, étant placé au milieu, entre la créature purement spirituelle et celle qui n’est que corporelle, s’est abaissé au-dessous de lui ; que Dieu, pour le relever, a fait de temps en temps des miracles et lui a donné les saintes Écritures dont il était l’auteur ; que quiconque blasphème contre l’ouvrage de Dieu ne connaît point Dieu ; que, par les saintes Écritures, nous connaissons la Sainte-Trinité, particulièrement le Fils de Dieu, de qui, par qui et en qui est tout ce qui est véritablement. Il vient ensuite à l’incarnation, dont le dessein est de rétablir en l’homme l’image de Dieu, effacée par le péché ; et enfin il montre que le mérite des saints est de s’être attachés à Jésus-Christ par la foi et la charité. (Glaber ; Ademar ; Chronique de Saint-Pierre ; Bouquet, tome X.)

J’ai terminé ma citation. Qu’en dites-vous, lecteurs ?

N’est-ce pas qu’elle est vraiment singulière, cette similitude de situation entre cette période qui environne l’an 1000 et la période déjà troublée de notre dix-neuvième siècle ?

Cette femme qui, venant d’Italie, apporte en France le manichéo-gnosticisme et fait partout des adeptes à la secte, n’est-elle pas, en quelque sorte, l’ancêtre de cette autre femme, vivant de nos jours, qui, venant de Charleston et de Rome, propage secrètement chez nous, ainsi qu’en Suisse et en Belgique, et par les mêmes procédés que l’autre, le Palladisme Réformé Nouveau, lequel est ni plus ni moins la résurrection du gnosticisme manichéen ?

Ces malheureux prêtres qui se laissent pervertir l’esprit au point d’en arriver à ne plus avoir la compréhension exacte de la divinité, eux, ministres de Jésus-Christ, et à prendre le diable pour Dieu et Dieu pour le diable, ne sont-ils pas rappelés, de nos jours, par les Constant, les Despilliers, et d’autres indignes qui tremblent depuis l’apparition de cet ouvrage, dans la crainte que je sache leurs noms ?

En effet, la première hostie consacrée que j’ai vu frapper en France par des palladistes, c’est, hélas ! un bénédictin[1] qui l’apporta au triangle et qui présida au sacrilège. Il n’y a pas longtemps encore, le secrétaire d’un des souverains grands-maîtres d’Europe était un prêtre. Celui-ci vient de se convertir, est rentré dans l’obscurité, et je forme les vœux les

  1. Pour éviter toute erreur d’interprétation, je déclare dès à présent et en toute loyauté que je n’entends nullement rendre le respectable ordre des Bénédictins solidaire des brebis galeuses dont je publierai plus loin les noms en toutes lettres, accompagnés de tous les renseignements nécessaires, les plus sûrs et les plus précis.