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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/934

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Aux catholiques superficiels, allant plus souvent au théâtre qu’à l’église, qui disent que « le diable se manifestait peut-être au moyen-âge, mais qu’aujourd’hui certainement il ne se manifeste plus et qu’il n’existe plus de cas de possession », je citerai tout d’abord un fait qui n’est pas bien vieux ; il date seulement de 1891.

Je veux parler d’un enfant qui a été possédé en Bavière, que les médecins irréligieux déclarèrent atteint d’une hystérie délirante, et qui n’a pu être délivré que par les exorcismes d’un zélé religieux, le P. Aurélian, capucin.

Voici le rapport officiel sur ce cas d’exorcisation :


RAPPORT SUR UN CAS D’EXORCISATION
(13 et 14 juillet 1891)
dans le cloitre des capucins de wemding (bavière)
Traduction du document in-extenso.
(A) Avant-propos

Depuis le mardi gras (10 février), les époux Zilk, meuniers à Oberlottermuhle, remarquaient chez leur fils aîné Michel, âgé de dix ans, des phénomènes tout à fait insolites. Non seulement il ne pouvait faire, mais il ne pouvait encore entendre réciter une prière, sans tomber dans un accès de fureur très extraordinaire ; il ne souffrait près de lui aucun objet religieux ; il se permettait envers ses parents les mauvais traitements les plus grossiers. Les traits de son visage étaient tellement-transformés qu’on dut conclure à l’existence d’un état extraordinaire. Dans ces tristes circonstances, les parents cherchèrent secours près d’un médecin ; mais ce fut sans résultat. Alors, dans leur profond chagrin, ils s’adressèrent au révérend vicaire, M. Seitz de Durrwangen, pour voir si les prières de l’Église ne parviendraient pas à débarrasser ce malheureux enfant de ses souffrances. Le révérend appela à diverses reprises la bénédiction de l’Église sur cet infortuné. N’ayant remarqué aucune amélioration, il dirigea parents et enfant vers notre cloître, dans la pensée que là peut-être le secours divin lui serait accordé.

Au premier abord, nous constatâmes chez cet enfant les étranges phénomènes signalés plus haut. Nous commençâmes par lui donner la bénédiction habituelle des malades. Il montra alors une telle agitation, ou, pour mieux dire, une telle rage et une telle fureur (solches Wuen und Toben), qu’on ne pouvait penser qu’à une chose : l’influence démoniaque. Il déployait, en outre, une force musculaire telle qu’il est impossible d’en voir une pareille chez un enfant de dix ans et que trois grandes personnes pouvaient à peine le maîtriser. La guérison que les parents venaient nous demander et que nous avions nous-mêmes vivement désirée ne fut pas obtenue. Leur douleur s’en accrut d’autant et ils rentrèrent chez eux inconsolables. Cependant ils ne perdirent pas courage ; ils songèrent que quiconque se confie au Seigneur n’en éprouve aucune honte et revinrent pleins de confiance demander plusieurs fois (sept à huit fois) notre secours. Désireux de le leur accorder, nous eûmes recours à tous les moyens. Nous donnâmes à cet enfant la benedictio a