Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/10

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Quant à vos Triangles, — je parle des vôtres aussi bien que de ceux soumis à Simon, — ma plus grande joie sera de travailler à leur destruction, puisque vous rechûtez dans le satanisme d’où je m’efforçais de vous tirer ; travail de destruction que j’opèrerai en parfaite placidité de conscience, en certitude de faire bien. Si le Palladisme doit être ça, s’il est impossible de le « débarbouiller », pour employer l’expression pittoresque d’un écrivain adonaïte qui signe Flavio, par ma foi de croyante honnête, je le jure : autant vaut qu’il s’effondre à jamais dans l’universelle réprobation !

Ah ! contre les divulgations du docteur Bataille vous avez poussé, chez vous, des cris à ébranler les murailles de vos temples ?… Eh bien, je vous annonce mieux que tout ce qu’a pu dire ce catholique romain, dont les révélations perdaient, il semble, une part de valeur par le fait que son enquête avait été résolue avec une idée préconçue, immuable, accomplie avec des yeux d’adversaire. Moi, nul ne pourra m’accuser de parti pris adonaïte. Et vous n’ignorez pas quelles sont les choses que je sais, c’est-à-dire que rien ne m’a été caché, que le Dieu-Bon lui-même, en personne, n’a eu pour moi aucun secret. Et je vous assure que personne, d’aucun monde, ne mettra un bâillon sur ma bouche  !

N’invoquez pas contre moi mon serment.

À qui ai-je juré respect, amour, fidélité ?… Est-ce à Satan, à un roi du mal, à un prince-souverain chef de diables ? Non, jamais, jamais ! J’ai prêté serment à Lucifer, en tant que principe du bien, dieu de bonté suprême.

Je crois, ou j’essaie de croire encore que Lucifer est le Dieu-Bon, et Adonaï, le Dieu-Mauvais. Mais, vous qui appelez malencontreuse ma tactique, j’ai le devoir de vous dire que c’est votre tactique qui me devient suspecte. Vous me donnez sept jours pour réfléchir : or, dans ma réflexion immédiate, je vous vois n’opérer que tortueuses manœuvres. Le nom de Lucifer est sur vos lèvres ; hélas ! je comprends que c’est un Satan que vous adorez.

Après avoir ri de votre prétention à m’imposer vos tyranniques et ineptes volontés, maintenant je tremble. Je tremble en me demandant si mon bien-aimé père, trompé lui-même, ne m’a pas infusé l’erreur.

Je relis ces lignes, écrites sur moi il y a un an par un adversaire dont j’ai toujours apprécié l’élévation de cœur et la droiture, et qui m’ont vivement frappée : « Diana Vaughan se fait de Lucifer une image absolument contraire à ce qu’il est réellement ; de sorte que, dans l’esprit mauvais, elle se figure, non ce qu’il est, mais l’antithèse de ce qu’il est. Elle s’imagine un Lucifer bon, protégeant le bien, miséricordieux même, tel, en un mot, que sont les anges de lumière, et