Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/110

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« Je ne me sens pas le courage de te maudire, car je t’aime trop encore, m’écrivit mon oncle, à la nouvelle de ma conversion ; mais jamais je n’aurais cru que c’est toi qui ferais mentir le céleste sang qui a été mêlé à celui de Philalèthe. »

Mon oncle s’exprime en palladiste. On va comprendre tout à l’heure.

Les écrivains qui ont publié sur moi ont dit que la situation où j’étais dans la haute-maçonnerie se devait comprendre par des qualités personnelles, dont ils faisaient grand éloge. Il y a autre chose ; il y a le secret que connaissent seuls les Mages Élus, le secret traditionnel de ma famille.

Ce secret, je dois le révêler : il est la clef de l’éducation toute spéciale que j’ai reçue.

Le pacte du 25 mars 1645, signé entre Satan et Thomas Vaughan, mon ancêtre, sera détruit le jour de mon entrée en religion ; en attendant, il est entre de saintes mains.

Pour s’assurer la pierre philosophale et trente-trois ans de vie dans la science hermétique et le pouvoir de faire de l’or, Philatèthe, qui avait obtenu par Cromwell la « faveur » de décapiter le noble martyr Laud, archevêque de Cantorbéry, et qui avait recueilli de son sang, Philalèthe, le 25 mars 1645, offrit ce sang à Lucifer, en échange du pacte le plus inouï qui ait été souscrit entre le démon et un humain ; le linge, un corporal, qu’il avait trempé dans le sang du martyr, fut brûlé par mon ancêtre en hommage à Satan : que Dieu me permette de vivre encore un peu, afin que je puisse brûler le pacte infernal, en hommage à sa Divinité et en prenant le voile, s’il plaît à sa bonté et à sa miséricorde, que ce soit un 25 mars !

Alibone, dans son Dictionnaire de la Littérature anglaise, fait naître Thomas Vaughan en 1621. C’est une grosse erreur. Sa notice biographique est, d’ailleurs, un tissu d’inexactitudes, dans ses brèves lignes que je reproduis :

« Thomas Vaughan, savant physicien, né en 1621, est le frère jumeau de Henry Vaughan, dit le Siluriste ; il fut élevé comme celui-ci, au Jesus-College d’Oxford, dont il devient membre. Après avoir rempli l’office de recteur à St-Bridget, en Brecknockshire, il se retira à Oxford, où il devint fameux comme disciple et maître dans l’école de Cornélius Agrippa. Il mourut en Oxfordshire, le 27 février 1665, presque subitement, en manipulant du mercure, dont une parcelle, lui étant entrée dans le nez, le tua. Il fut grand chimiste, grand philosophe expérimentateur, un zélé confrère des Rose-Croix, comprenant quelques unes des langues de l’Orient, assez bon poète anglais et latin. Il s’appelle lui-même, dans la plupart de ses écrits, Eugénius Philaléthès. »