Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/12

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au dogme pur et aux pratiques incritiquables, par la voix de la persuasion, par la persévérance à glorifier le bien et à flétrir le mal, hardiment, hautement, sans ambiguïtés, au grand jour ; cet espoir, ô vous qui vous dites mes meilleurs amis, vous venez de le détruire.

L’obligation de me désavouer vous est pénible, dites-vous. Moi, je pousse un soupir de soulagement en rompant avec vous à jamais ; tenez, tandis que j’écris tout ceci, je respire mieux.

Je respire mieux, oui ; vos despotiques fantaisies ont provoqué mon rire, oui encore. Néanmoins, quel bouleversement vous avez porté dans le plus intime de mon âme !…

Ma vie tout entière passe devant les yeux de ma conscience. Je ne sais plus où j’en suis, d’où je viens, où je vais. J’entends un cri, qui me dit : « Je suis la vérité ; reste avec moi. » Puis, c’est un doux murmure à mon oreille : « Il t’a toujours trompée, renonce à lui ; Celui qui vraiment t’aime n’attend qu’une prière de toi pour t’ouvrir ses bras ! »

Qui écouter ? qui croire ?… Je ne le sais encore. Je riais il n’y a qu’un instant ; à présent, je pleure. Est-ce que je deviendrais folle ?… Ô Dieu-Bon, qui que tu sois, aie pitié de moi !

Ah ! plus de trouble, plus de tourments de pensée ! Songeons à l’œuvre urgente et nécessaire. Je ne suis plus des leurs, voilà le point incontestable. Écrivons, sans haine ni rancune, le livre de bonne foi ; disons, sans trembler, ce qui est, tout, tout. Neutralise-toi, ô mon âme, pendant que ma plume courra sur le papier.

Et, pour me soutenir, renonçant à tout appel d’esprits discutés, je n’invoquerai que Celle qui est, en mon sentiment, la plus sublime des héroïnes ayant vécu sur cette terre, et qui, où qu’elle soit, est certainement auprès de l’Éternel Bien :

— Sainte Jeanne d’Arc, combats pour moi !

DIANA VAUGHAN.


8 Juin 1895.