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avec de grands éloges, du ministre protestant John Cotton, qui l’accueillit en lui témoignant beaucoup d’amitié. D’après certaines expressions du manuscrit, il semblerait que le pasteur Cotton avait traversé l’Atlantique avant les pélerins du Mayflower ; car il y est dit qu’il « retourna » en Angleterre en 1612, et qu’ayant été tracassé pour avoir adopté les idées des non-conformistes, il était revenu définitivement en Massachussets, en 1633, c’est-à-dire après Winchrop et Dudley. Le révérend John Cotton avait passé la cinquantaine, lorsqu’il reçut mon ancêtre Thomas, alors tout jeune homme, et celui-ci garda grande impression de ses prédications ardentes ; de là aussi je conclus que Thomas s’était vraiment rallié aux puritains, tout en restant imprégné des secrètes doctrines de Robert Fludd ; mais, dans la Fraternité socinienne, il n’appartenait encore qu’à la Croix d’Or. John Cotton, en Angleterre, avait été ministre à Boston, petite ville du comté de Lincoln, qui avait fourni la majeure partie de l’émigration de 1630 ; c’est lui qui décida ses compatriotes à changer le nom de Trimountain en celui de Boston, sous lequel l’humble colonie est connue maintenant du monde entier.

Ce premier voyage de Thomas Vaughan en Amérique n’offre aucun incident remarquable. Nous savons qu’il était retourné en Angleterre dans les premiers jours de juin 1639 ; en effet, il était à Londres, lorsque se répandit, causant un vif émoi chez les occultistes d’Europe, la nouvelle de la découverte d’une mystérieuse corne d’or en Danemark, et Thomas se rendit alors immédiatement dans ce pays.

Le 20 juin de cette année-là, une jeune danoise, que Philalèthe appelle Kaatje Schwenz, du village d’Osterby, près Tondern, aperçut sur le bord d’une route quelque chose de pointu et de jaunâtre, qui sortait de terre et qu’elle prit pour une vieille racine. Huit jours plus tard, passant encore par le même chemin, elle remarqua de nouveau cette chose bizarre ; mais, cette fois, elle eut la curiosité de se rendre compte de ce que c’était. Elle creusa la terre tout autour et eut quelque peine à en retirer l’objet. C’était un bloc de métal, paraissant être de l’or, en forme de corne longue de soixante-six centimètres, creusée de telle sorte que sa contenance était de plus de deux litres, pesant plus de trois kilogs, artistement travaillée et couverte de figures symboliques des plus étranges. Heureuse de sa trouvaille, la demoiselle Shwenz, escortée de ses parents, la porta à Tondern, où on lui apprit qu’elle était véritablement en or.