Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/194

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signifie : ciel, a pour racine div, qui veut dire : briller; et de là vient aussi, dit-on, le principal nom aryen de la divinité. Or, du sanscrit diva, le latin a fait divum ; et divum, qui a pour équivalent le substantif dium, comme on le voit dans Varron, Virgile, Horace, etc., signifie : ciel ; et dius, adjectif, dont le féminin est dia, signifie à la fois : divin (dans Ovide, Lucrèce, Virgile), céleste (dans le poète Prudence), et, plus expressément encore, « de Jupiter », selon Varron et le grammairien Festus. Est-il besoin d’ajouter que c’est Lucifer en personne qui se faisait adorer sous le nom de Jupiter, comme la daimone Astarté sous le nom de Vénus ? C’est ainsi qu’au point de vue étymologique, Diana, en latin, veut dire : la céleste, la jupitérienne, si l’on peut s’exprimer ainsi.

On sait aussi que, dans le symbolisme maçonnique, le Grand Architecte de l’Univers, c’est-à-dire Satan, est figuré notamment, en plusieurs enseignements rituels, par l’étoile du matin, laquelle a nom « Lucifer ». Dans ce sens encore, Diana équivaut à Lucifera. Il me suffira de rappeler, avec tous les philologues, que le mot espagnol diana, d’un ancien adjectif diano, dérivé de dia, jour, lequel vient lui-même du latin dies, jour, signifie exactement : l’étoile du matin ; et c’est bien de là que la diane tire son origine, la diane qui est le chant matinal, la diane qui, dans l’armée, sonne ou se bat pour réveiller les troupes, aux premières lueurs du jour, au moment où l’étoile du matin, Lucifer, brille dans les cieux.

Enfin, les alchimistes, en consacrant l’argent à Phébé, à la Lune, et à la Vénus-Astarté ont rappelé encore le sens luciférien de Diana ou Diane, quand ils ont appelé « arbre de Diane » certain amalgame d’argent et de mercure qui forme une sorte d’arborisation de fils métalliques et de cristaux.

J’étais donc simplement Diana, pour tous, mais Lucifera, pour les Mages Élus et les Maîtresses Templières Souveraines. Lorsque je présidais une tenue de Parfait Triangle, les Mages Élus, avant de prendre place à leur siège, venaient ployer le genou gauche devant moi, baiser ma main, et me disaient : « Notre humble salut à toi, Très-Haute Sœur Lucifera ! »

Combien ce prénom me pesa, quand Dieu, dans son infinie bonté, me fit la grâce d’ouvrir mes yeux à la lumière ! Par le saint baptême, je m’affranchis de ce prénom qui m’attristait, maudit souvenir. Et je ne voulais plus l’écrire ; il m’était tourment, cauchemar. Je soumis à mon directeur l’état troublé de mon âme ; il se consulta avec un autre de mes conseillers, vénérable ecclésiastique. Celui-ci jugea que, la