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d’avoir à convaincre des hauts-maçons érudits, tels que le F ▽ Goblet d’Alviella, par exemple ?

Parce que, dans la suite, un des rose-croix anglais qui, en 1717, coopéra à la manifestation officielle de la Franc-Maçonnerie, a voulu s’attribuer l’honneur — triste honneur ! — de l’introduction de la légende d’Hiram dans le symbolisme maçonnique.

Le véritable cahier du grade de Maître, celui qu’Ashmole écrivit sous la direction de Thomas Vaughan, a été détruit, après avoir été recopié, plagié. Le plagiaire, c’est le ministre protestant James Anderson, ami intime de Théophile Désaguliers, qui fut à la fois grand-maître et de la Rose-Croix et de la Franc-Maçonnerie. Désaguliers éprouva plus tard le remords d’avoir prêté la main à ce plagiat, et c’est pourquoi, considérant que le manuscrit d’Helvétius (archives du Chapitre Baldwyn, de Bristol) était le seul témoignage de la vérité et pouvait être détruit à son tour, il en fit lui-même une copie authentique ; c’est celle dont j’ai parlé plus haut, qui est aux archives du Chapitre Mediterranean, de Gibraltar.

Quant au plagiat d’Anderson, il existe encore en manuscrit autographe ; il fait partie, sous le numéro 107, de la bibliothèque particulière du duc de Sussex, qui succéda, en 1813, à Georges, prince de Galles, comme grand-maître de la Grande Loge d’Angleterre, et cette collection privée a été léguée et se trouve actuellement à la Grande Loge d’Angleterre, au Mark Masons’Hall, Great Queen-street, à Londres.

Tout en étant convaincue que mon ancêtre est bien le créateur de la Franc-Maçonnerie, telle qu’elle est aujourd’hui, et le principal exécuteur du plan de Fauste Socin, cette irréfutable preuve, qui consiste dans sa rédaction du grade de Maître et que j’ai exposée maintes fois en conférences triangulaires, apportait un nuage assez noir à mon admiration pour Thomas Vaughan. Je me bornais donc à citer le manuscrit d’Helvétius, sans entrer dans aucun de ces détails qui me répugnaient. En moi-même, comme il m’était pénible de trouver amoindrie la gloire de Philalèthe, je rejetais sur Robert Fludd, auteur de la thèse fangeuse, mon sentiment répulsif.

Il en était de même pour la mission donnée à Francesco Borri, autre nuage. En ceci, à mes yeux, le coupable était Valentin Andreæ, et non Thomas Vaughan. Je le crois encore, malgré la lettre de Bebenhausen, citée plus haut, et quoiqu’il semble, d’après les termes de ce document, que le grand-maître Valentin se serait borné à consentir ; en tout cas, il n’y est pas dit non plus, explicitement, que le projet émanait de Philalèthe lui-même.