Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/277

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brûlai avec colère plusieurs exemplaires de cette livraison ; de ceci, je lui présente mes excuses.

Inouï était mon aveuglement et comme je comprends maintenant que le bon docteur avait raison !…

Les faits se passèrent en cette séance triangulaire comme il les a rapportés, d’après le témoignage d’une de mes amies, grande-lieutenante à Louisville en 1884, aujourd’hui mariée à un notable industriel du Lancashire et retirée du Palladisme[1].

Le diable, qui fit ce jour-là son apparition, déclara être Asmodée, commandant quatorze légions. Il narra un prétendu combat avec les maléakhs, se proclama vainqueur, et, comme preuve, déposa aux pieds du Baphomet une queue de lion, qu’il dit avoir coupée dans la bataille un fauve servant de monture au « maléakh Marc ». Cette prétendue queue du lion de saint Marc fut, dès lors et pendant sept années, le talisman du Triangle les Onze-Sept.

L’objet était vraiment une queue de lion. Le remarquable est qu’elle n’était point desséchée, et elle demeura toujours flexible, quoique inerte. On lui fit un grand et magnifique écrin.

— À partir de cet instant, dit Asmodée, ce temple m’est spécialement consacré. Cette dépouille de l’ennemi est le gage de mon amitié envers les Onze-Sept. Conservez précieusement cette queue du lion adonaïte. Afin qu’elle ne puisse jamais aller rejoindre le corps dont je

  1. Je mets à profit ce rappel de mon ex-Sœur, démissionnaire, mais non convertie au catholicisme, pour redire à mes nouveaux amis qu’il ne faut pas trop pousser les choses au noir. Sans doute, les exceptions irréprochables sous le rapport de l’honnêteté sont des plus rares ; mais je ne suis pas l’exemple unique qu’on pourrait citer.
    Au Triangle les Onze-Sept, on ne profanait pas les hosties, du moins, tant que mon père, son premier président, vécut ; il ne croyait pas à la présence réelle. Son successeur fit transpercer, une seule fois, les Saintes-Espèces : la récipiendaire avait été élevée dans la religion catholique ; le Frère N. P., qui était dans les opinions de mon père, dit à la jeune femme que l’hostie n’était que pain, mais que, toutefois, pour prouver qu’elle avait vraiment abandonné la superstition, elle devait mépriser le sacrement eucharistique en transperçant ou en jetant au feu ; cette femme donna un coup de poignard, en disant qu’elle avait la curiosité de voir si le sang coulerait, et, comme il n’y eut aucun miracle, elle se mit à rire et insulter l’hostie ; la malheureuse était à moitié folle. Mon ex-Sœur et amie de Louisville, qui demeure aujourd’hui en Angleterre, m’a écrit, il y a un mois, qu’elle se retira du Palladisme, lorsque le fils N. P. ayant remplacé son père à la présidence des Onze-Sept, voulut rendre obligatoire l’épreuve du Pastos ; elle était au nombre des Maçonnes palladistes qui n’ont pas été souillées ; le mariage lui a fait quitter le Kentucky. Dans sa lettre, elle me demandait des explications sur ma conversion et m’avouait que nous avions été toutes deux dans une grande erreur, mais qu’elle voyait la vérité dans le protestantisme. Elle terminait, néanmoins, en me demandant mes prières. Je lu recommande à mes lecteurs et lectrices.
    Quant au Triangle Phébé-la-Rose, dont j’ai été grande-maitresse à New-York, je n’ai pas besoin de dire que ni le Pastos ni les profanations n’y étaient en pratique. Il en est quelques autres dans ce cas.