ceci : n’y change pas un mot : « Si vous voulez me voir, abstenez-vous pendant trois jours consécutifs de faire votre messe, mais cela sans recourir à une dispense de votre supérieur ; ôtez de dessus votre corps tout talisman adonaïte, médaille, scapulaire, etc. ; le troisième soir, couchez-vous à neuf heures, après avoir passé vos mains sept fois au-dessus d’une flamme légère ; entre dix et onze heures, dites en n’importe quelle langue, de trois minutes en trois minutes, sincèrement : « Asmodée, permets à ton épouse Diana de venir me donner la lumière du Dieu-Bon. » En quelque endroit que je me trouverai, soit en Europe, soit en Amérique, à onze heures précises, à votre dernier appel, vous me verrez auprès de vous. »
Hélas ! elles étaient bien épaisses en mon âme, les ténèbres de Lucifer ; car j’obéis aveuglément à l’abominable démon dont j’étais la dupe, je ne compris pas le ridicule de ses prétendues prophéties ; en se servant de moi pour les débiter, il me mettait au rang des plus grotesques tireuses de cartes. Je n’eus pas non plus grande perspicacité, en acceptant ce rôle de tentatrice qu’il me donnait à remplir, dans son cynique espoir que l’attrait d’un prestige diabolique inciterait ce bon prêtre à manquer à ses premiers devoirs sacerdotaux. Vraiment, je le vois aujourd’hui, les ruses de l’enfer sont sans action contre les saints ; ce qui peut paraître une habileté, aux yeux du vulgaire, n’est qu’un piège des plus grossiers, quand il est tendu à une âme d’élite.
Asmodée s’étant retiré, je confectionnai le talisman et j’écrivis la lettre.
La réplique ne se fit point attendre.
« Mademoiselle, me répondait le digne prêtre, vous me faites des prophéties de malheur ; je ne les crains nullement, Dieu seul connaît l’avenir. — Vous dites qu’on ne comprend pas votre religion. Vous n’avez pas de religion. Votre religion consiste à ne vous contraindre en rien. — Vous êtes la dupe d’un esprit malin, qui se dit votre époux céleste, et il a des poils comme les renards !!!
« Pauvre jeune fille ! vous êtes vierge… Oh ! si vous l’étiez vraiment!… Mais votre époux céleste s’appelle Asmodée ; ce qui signifie le démon de l’impudicité. — Le misérable par votre entremise me propose de laisser trois jours la messe et de l’invoquer ! Il est bien maladroit en cela. Il sait quelle est l’action de la messe sur lui et sur tout l’enfer. — Il sait aussi que j’ai un pouvoir sur lui. Je veux vous le prouver. Il a dit qu’il ne craignait pas ma lettre : elle l’a pourtant bien mis en colère.
« Maintenant, si vous voulez ouvrir les yeux, vous n’avez qu’à lui présenter l’ordre que je lui donne. Il fuira devant vous, toutes les fois que vous le lui présenterez. Vous verrez qu’il n’est ni dieu, ni céleste, mais qu’il est un misérable démon de la pire espèce, qui tremble au nom de Jésus.