Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/383

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qu’elle espérait prochain, la réaction sent et voit dans notre Ordre une solide barrière, un rempart formidable contre la complaisante restauration de son pouvoir sur les corps et sur les âmes.

À vous, Frères, pas n’est besoin d’excitation. Lisez dans ce livre qui s’ouvre si clairement devant vos yeux ; lisez le péril pour la Patrie, pour le progrès civil, pour l’éducation et pour la conscience des Italiens, pour leur bien moral et matériel : lisez vos devoirs ! Attaqués, ramassons, tranquilles, mais prompts à tout sacrifice, le gant du défi.

Et que cet enseignement ne soit pas pour nous seuls. Désormais, il apparaît clairement à tous : d’un côté, le retour au passé ; de l’autre, le progrès indéfini et continu ; d’un côté, les conspirations ourdies dans le mystère avec les garanties de l’État, fortifiées par le secret de la confession et par le lien de corporation opérant dans le monde, dans l’ombre, avec l’immunité de la soutane ; de l’autre côté, le secret maçonnique, ce secret maçonnique si abhorré, conservé pour protéger des lâches attaques, des sottes défiances, nos Frères qui travaillent pour les idéalités pures de la Patrie et de l’Humanité d’un côté, ceux qui invoquent le ciel pour dépouiller la terre ; de l’autre, ceux qui, dans l’intégrité de la conscience, et dans la foi, qui anime et élève, s’occupent, sur la terre, de la grande Famille humaine, en resserrent les liens fraternels et travaillent à la perfectionner, à la purifier et à l’améliorer.

Donc, qu’ils prennent position, les hommes d’esprit et de cœur ; qu’ils décident, tous ceux qui aiment leur pays sérieusement et honnêtement, de quel côté ils doivent se ranger ; qu’ils pensent, les patriotes, ce qu’est l’Italie d’aujourd’hui et ce qu’elle pourrait être demain ; qu’ils pensent, les braves, aux guerres d’indépendance entreprises et à celle qu’il faudra encore entreprendre ; qu’ils jugent, les citoyens libres, si les clés de leur conscience doivent être gardées dans le Vatican ; qu’ils réfléchissent, les défiants et les indifférents, à ce que fut et à ce que serait le règne des Papes ; qu’ils voient, qu’ils s’unissent dans la sincérité de leurs intelligences, au travail d’une Institution qui ne reconnaît ni secte ni école, qui, nationale et humaine, respectueuse de toute foi, de toute conviction honnête, s’élève au-dessus de tous, et réunit tous les hommes dans un but de rédemption morale et civile de la Nation, et, par elle, de l’Humanité.

Au Congrès international antimaçonnique de Trente, nous, Frères, en union avec tous ceux qui ont des sentiments italiens, nous opposerons notre fête nationale du 20 septembre ; ce jour, solennel dans l’histoire des peuples, où la réunion de Rome à l’Italie scellait dans le monde les rapports entre la conscience individuelle et le devoir social. Et, dans cette fête des nations, l’écho de l’honnête réjouissance pour la conquête humaine que la Loi Éternelle assigna à notre Italie, résonnera par claies monts, par delà les mers. Or, chers Frères, tandis que vous célébrerez la fête nationale, que votre pensée vole auprès de ceux qui luttent pour la liberté et pour leur nationalité, que votre affection se dirige vers ces peuples et ces chrétiens héroïques qui, tandis que leur Suprême Pasteur reste muet, combattent pour sauver leur conscience, de l’oppression islamique ; leur patrie, de la tyrannie étrangère et leurs familles, de la honte.