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aux poudres, il n’y avait plus à cacher qu’un F∴ de la rue Cadet avait réussi à s’introduire au Congrès de Trente. Le délégué du Grand Orient de France fit donc son compte rendu.

Et voici la planche :


Mercredi 21 octobre 1896.
Tenue solennelle à 8 heures et demie très précises.

GRAND ORIENT DE FRANCE
R∴ L∴ L’AVANT-GARDE MAÇONNIQUE
(Orient de Paris)
Temple : rue Cadet, 16.
Vénérables : F∴ René Renoult, 7, rue de Lille,
Secrétaire : F∴ Paul Collignon, 85, rue des Martyrs.
Trésorier : F∴ Amouroux, 9, place d’Italie.
Adresse de la Loge : chez le Vénérable.

Ouverture des Travaux.

Compte rendu du Convent de 1896, par le F∴ René Renoult, délégué.

Compte rendu du Congrès Antimaçonnique de Trente, par le F∴ Sapor, Orateur.

Clôture des Travaux.


Ceux qui ne connaissent rien des choses maçonniques s’étonnent de ma prudence et la trouvent excessive ; je suis ridicule, en étant défiante. Et voici un Congrès antimaçonnique, une assemblée qui plus que toute autre devait se garer des francs-maçons ; le règlement disait dans les termes les plus formels qu’on n’y pourrait avoir accès qu’en étant personnellement connu d’un des Comités nationaux de l’Union Antimaçonnique ou en produisant un certificat de bon catholicisme délivré par un Évêque ; on a donc pris toutes les précautions, et pourtant un franc-maçon est entré. Je dis un, parce qu’on en connaît un, aujourd’hui, un qui l’a laissé savoir, qui s’en est allègrement vanté.

Oh ! je ne me livre à aucune critique. Je suis convaincue que, dans les Comités, chacun a fait son devoir, et l’intrus me paraît n’avoir pu passer qu’au moyen de la carte d’un congressiste complice, celui-ci n’éveillant pas le soupçon et pouvant franchir l’entrée sans avoir à exhiber sa carte.

Encore, ce F∴ Sapor n’était-il là que pour surveiller la manœuvre ; mais a-t-on déjà oublié l’histoire ? ignore-t-on que la secte, poussant l’art de la dissimulation au plus haut degré, sait glisser ses affidés partout ? Et je le répète, ce mot : partout.

Ce n’est pas de Rome que viennent les sourires moqueurs, au sujet de ma défiance. Là, on n’a pas oublié le procès Fausti-Venanzi, ce drame d’assassinats et de lâchetés, qui fait pleurer et frémir.

Pour les lecteurs qui ne sont pas de Rome, rappelons-le en quelques mots.

La date : 1863. Qui commettait les crimes ? un comité secret mazzinien, établi à Rome même. Quels crimes ? embrigadement des plus mauvais sujets