Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/520

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égyptien, qui signifie que, pour comprendre les incohérences de la vie de Jésus, les contradictions entre la plus grande part de son existence et le temps qui a précédé son ignominieuse fin, il faut connaître le secret de la trahison commise ; cherchez, dit le sphinx, et vous trouverez. Le Christ, vrai coupable de l’Obscurantisme, vrai ennemi de la Lumière, complice et chef des trois scélérats, la Tyrannie, la Superstition et la Propriété, qui assassinent l’Humanité, est, pour son châtiment, frappé de la lance, non pas au cœur. mais au nombril, foyer sublime de la vie.

Le Grand-Maître, à son tour, me montra le Baphomet, et je sus alors que la grossière statue appartenait au Rite.

— Cette image, me dit-il, figure le Palladium de nos Triangles.

Je ne pus réprimer une interruption :

— Entre nous, fis-je en souriant, ce Palladium-là n’est pas beau, certes !…

De nombreux rires de nos Sœurs soulignèrent mon observation ; les malheureuses supportent l’exhibition du monstre mis à la place d’honneur, mais au fond elles préféreraient quelque image plus agréable aux yeux.

Sophia pinça les lèvres.

Le Frère B* sans se déconcerter, reprit :

— En effet l’image du Palladium ne flatte pas le regard ; mais elle est un des précieux legs de saint Jacques Molay, elle appartient à nos traditions templières, et à ce titre elle nous est sacrée.

Là-dessus, il récita l’explication insérée dans le rituel par Albert Pike, explication tirée d’Éliphas Lévi. On sait aujourd’hui que M. Solutore Zola, transmettant à Pike ses recherches en matière d’occultisme et notamment celles concernant la magie d’Éliphas, travailla sans le vouloir à la constitution du Palladisme.

Le Chevalier d’Éloquence, appuyant sur la chanterelle, plaida d’une façon fort adroite les circonstances atténuantes pour la laideur du Baphomet. En moi-même, je me promettais d’entreprendre une campagne pour faire enlever de nos réunions cette horreur-là, que je trouvais plus ridicule encore qu’affreuse.

Après quoi, entre le Grand-Maître et la Grande Lieutenante, eut lieu la récitation du catéchisme de Maitresse Templière, fort amendé en mon honneur ; je l’ai compris plus tard, des ordres avaient été donnés pour me laisser ignorer les impudeurs du luciférianisme.

Il est nécessaire de rappeler la fin de ce catéchisme : c’est là que le nom de Lucifer est prononcé pour la première fois devant une Sœur de la parfaite initiation.

— Quel est le mot sacré des Maîtresses Templières ? demande le Grand-Maître.