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« Voilà ce qu’il était utile de dire aujourd’hui. Que mes nouveaux amis prient pour moi, et je prie pour eux de tout mon cœur. »


Le lundi 12 août, je reçus une nouvelle lettre de la bonne Supérieure. Elle me demandait où j’en étais de mes progrès dans la voie de Dieu. Au ton de ses amicales supplications, je crus comprendre qu’elle avait eu encore des reproches au sujet de mon baptême irrégulier. Je m’imaginais entendre M. l’aumônier lui dire, lui répéter qu’elle avait commis une faute des plus graves ; lui faire ressortir ses déplorables conséquences, si je résistais à l’action de la grâce, si je persistais dans mes trois doutes ; car le baptême ne peut être donné à un adulte que s’il a l’entière foi, que s’il croit, dans sa conscience, à tous les préceptes de l’Église, sans aucune exception.

Ah ! que je souffrais de constater en moi-même que la divine lumière m’était encore obscurcie par quelques nuages ! et comme je me rendais bien compte de l’inquiétude de la chère femme !…

Oui, je souffrais, et d’une double souffrance. Satan ne renonçait pas à l’espoir de reconquérir sa proie, non plus pour le Palladisme, évidemment, mais pour l’hérésie. Je souffrais aussi, en prenant ma part des embarras que j’avais occasionnés à la digne supérieure.

L’exposé de mes trois doutes était rédigé d’une façon rapide, assez sommaire, qui nécessitait une retouche importante, expliquant mes difficultés surtout au sujet de la transsubstantiation. On va voir que le prince des ténèbres était encore à mes trousses : c’est bien lui, en effet, qui me suggéra la pensée qu’il serait bon d’envoyer ma consultation à deux théologiens ; l’un, un prêtre catholique qui a toujours été d’une très grande bonté pour moi, l’autre, un ministre protestant, allié à une famille amie. Aujourd’hui, je comprends le piège que le démon me tendait ; à Dieu seul je dois de n’y être pas tombée.

Autre constatation : le diable est serpent, par sa ruse, son habileté à s’insinuer dans l’esprit, et il excelle ainsi, si l’on n’y prend garde, faire dévier une bonne intention ; mais il est aussi tigre cruel, et j’ai terriblement éprouvé sa persécution, dès ma rupture avec la haute-maçonnerie.

Ceci, je ne l’avais confié qu’à quelques ecclésiastiques. Depuis les débuts de ma conversion, j’éprouvai les effets de la méchanceté des puissances infernales ; je ne souhaite pas à mon pire ennemi ce que j’ai enduré. Le jour, j’avais la paix, grâce à la prière et au travail ; mais, la nuit, c’était pour moi un affreux supplice. Démons et démons envahissaient mon sommeil. À peine je m’abandonnais au repos que