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Les communions sacrilèges, je voyais leur condamnation dans les paroles de l’apôtre saint Paul aux Corinthiens : « Quiconque mangera ce pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable du corps et du sang du Seigneur. Que l’homme donc s’éprouve lui-même, et qu’ensuite il mange de ce pain et boive de cette coupe ; car celui qui en mange et en boit indignement, mange et boit sa propre condamnation, ne discernant pas le corps du Seigneur. »

Je m’expliquais ces paroles ainsi : — Celui qui communie sans s’être purifié par le sacrement de pénitence, celui qui traite son Dieu comme une nourriture ordinaire, celui-là met en lui, s’incorpore son juge et encourt un terrible châtiment. — Certes, pour un tel coupable je n’avais aucune excuse et je n’éprouvais aucune pitié ; mais je voyais Dieu, méprisé, si au-dessus de l’offense !…

Ce n’est plus du mépris, c’est de la haine que les sectaires ont pour Jésus, dans grand nombre d’arrière-loges et dans tous les triangles ; et cette haine s’exerce surtout à coups de poignard contre la divine Eucharistie. C’est le crime du Golgotha qui se renouvelle, avec férocité.

Alors je me demandais : — Est-il bien possible que Dieu se livre ainsi à de nouveaux bourreaux ? L’œuvre de la rédemption est accomplie ; la croix du Calvaire ne suffisait-elle donc pas ?…

Encore, tout en gémissant de crimes auxquels, je le jure, je n’ai jamais participé, encore je parvenais à comprendre la patience de Dieu, mais en en étant confondue. Dieu est si bon ! pensais-je ; il a institué l’Eucharistie pour le bien des fidèles, en s’exposant à de nouveaux coups de ses ennemis ; plutôt que de priver les justes des joies du divin banquet, il préfère être meurtri, martyrisé par les pires scélérats de ce siècle, comme il l’a été autrefois par les Juifs.

Or, la profanation par le poignard n’est pas l’unique expression de la haine palladiste contre le Christ. Il est des profanations révoltantes dont j’ai reçu rapport authentique, lorsque j’appris que les pratiques de messe noire s’introduisaient et se propageaient en cachette de moi, bien connue pour y être opposée, et je voulus me rendre compte de l’étendue du mal : alors je l’appelais déraison, stupide et ignoble folie. De ces profanations je ne dirai rien ; ma pudeur me l’interdit.

Mais il en est d’autres ; une surtout, à laquelle je n’attachai aucune importance, au temps où, luciférienne à ma manière, je ne croyais pas à l’efficacité de la consécration de l’hostie par le prêtre catholique, où je voyais — pardon ! — dans le pain eucharistique un simple morceau de pain ; et cette profanation est celle dont j’ai été le plus épouvantée depuis ma conversion.