Page:Taxil, Révélations complètes sur la franc-maçonnerie, Les frères Trois-Points, 1886, tome 1.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

F∴ Lemonon, n’étaient pas familiers avec l’écriture du mystérieux accusateur ; quand le président et le secrétaire ne comprenaient pas bien, c’était le F∴ Lemonon qui prenait le papier et qui déchiffrait.

Toute l’enquête portait sur des actes, et non sur des paroles, qui étaient allégués à ma charge. « La vérifcation d’une accusation, quand elle porte sur des faits, est toujours facile, me dit le F∴ Orateur ; et il s’agit ici d’une affaire que nous avons mission de régler le plus promptement possible. » Aussi je dus, pour me disculper sur chaque point, indiquer des personnes pouvant démontrer la fausseté de chaque inculpation. Le Comité Secret prit note, afin de contrôler ma défense, des noms et adresses de mes témoins à décharge, et, bien entendu, refusa, comme le Vénérable, de me mettre en face des prétendus témoins qui me chargeaient[1].

  1. Parmi les faits que le Comité Spécial d’Enquête jugea bon d’éclaircir, se trouve celui de mon procès au sujet de la brochure Les Sermons de mon Curé.
    En 1880, un abonné de mon journal, M. Hennino, négociant, 46, rue d’Aboukir, m’apporta un vieux recueil de poésies, publié sous la seconde république, et portant cette signature : « Auguste Roussel. » Ce recueil lui avait été prêté, me dit-il, par M. Edmond About. On le considérait comme une curiosité et une rareté ; car, d’après l’opinion générale, l’auteur n’était autre que M. Auguste Roussel, rédacteur de l’Univers ; c’était, affirmait-on, un péché de jeunesse de l’éminent écrivain catholique, que le Figaro accusait de n’avoir pas, à ses débuts, professé les mêmes idées qu’aujourd’hui.
    Charmé de l’occasion qui se présentait à moi d’être désagréable à un homme alors mon adversaire, je m’empressai de faire copier le recueil, avec le consentement de M. Hennino, et je pris sur moi de le publier. Afin que M. Auguste Roussel (de l’Univers), contre qui le coup était dirigé, se trouvât dans l’obligation, pour empêcher la diffusion de ce que tout le monde pensait être son œuvre, d’établir par voie de justice qu’il en était auteur et propriétaire, on intitule cette brochure de réimpression : Les sermons de mon curé, par un Chantre Sceptique. C’était, pensait-on, réduire M. Roussel à cette alternative : ou laisser se propager