Page:Taxil, Révélations complètes sur la franc-maçonnerie, Les frères Trois-Points, 1886, tome 1.djvu/338

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soir, au sortir de la Loge. J’avais demandé si l’on s’occuperait bientôt, dans un prochain Convent, de la suppression de toutes ces cérémonies maçonniques que je trouvais idiotes. Un Frère me répondit que j’avais tort d’en vouloir au rituel ; que, quant à lui, ces pratiques s’accommodaient très bien à sa croyance en un Être Suprême ; que cette liturgie, admirablement composée par les pères jésuites, avait eu l’approbation de nombreuses autorités ecclésiastiques. Je ne pus retenir un éclat de rire et déclarai franchement à cet impayable ramolli que ceux qui lui avaient mis cela dans la tête s’étaient moqués de lui de la belle façon. Mon homme s’indigna. « Quand on a été pour me recevoir, fit-il, on m’a montré ce que je vous dis là ; et c’était sur un livre, imprimé par ordre du Grand-Orient et dont l’auteur était un 33e. » Et comme son affirmation ne paraissait pas me convaincre, il me jura sur son honneur qu’il disait la stricte vérité, qu’il avait vu ce livre ; il ajoutait que sans cela il ne se serait pas fait initier. « Avant d’être Maçon, me dit-il, je croyais étroitement à la religion telle qu’on l’enseigne dans les églises ; je ne me rendais aucun compte de la religion vaste que nous pratiquons ici. Ma foi en Dieu n’allait pas plus loin que le dogme de la Trinité ; aujourd’hui, grâce à la Maçonnerie, j’ai oublié ce dogme mesquin, et j’ai agrandi ma croyance en me pénétrant de l’idée immense d’un Être Suprême indéfini. Si j’avais connu la Franc-Maçonnerie comme je la connais à présent, je n’aurais eu aucune hésitation pour y entrer ; mais, je vous le répète, j’avais au début une certaine méfiance : on m’avait dit que c’était une société athée. Pour me décider, il a fallu qu’on me montrât le livre dont je vous parle. Une fois reçu, j’ai bien vu que l’association est calomniée par ses ennemis, que presque tous les Francs-Maçons croient en Dieu, et que, si l’on admet de temps