Page:Taxil, Révélations complètes sur la franc-maçonnerie, Les frères Trois-Points, 1886, tome 2.djvu/106

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Balkis, après avoir offert à Salomon des présents somptueux, lui propose, à la mode orientale, trois énigmes. Le Sage, — c’est le nom que Salomon se fait donner, — ayant corrompu le grand-prêtre des Sabéens et en ayant reçu de lui d’avance les trois énigmes à prix d’argent, en a fait préparer la solution par Sadoc, le grand-prêtre des Hébreux. Aussi peut-il répondre à la Reine aussitôt qu’elle a parlé.

Salomon promène Balkis à travers ses palais, dont il lui fait admirer les magnificences. Puis, il la conduit au temple qu’il s’occupe d’élever au Dieu d’Israël. Quand ils sont arrivés aux fondations de l’autel, la Reine remarque un pied de vigne arraché de terre et jeté à l’écart. Un oiseau merveilleux qui accompagne partout Balkis, une huppe appelée Hud-Hud, lui fait comprendre par ses cris plaintifs quel est ce signe méprisé, quel dépôt sacré cette terre recouvre, cette terre violée par l’orgueil de Salomon. « Tu as élevé ta gloire sur le tombeau de tes pères, dit Balkis au Roi ; et ce cep, ce bois sacré… — Je l’ai fait arracher, interrompt Salomon, pour élever ici un autel de porphyre et de bois d’olivier que je ferai décorer de quatre séraphins d’or. — Cette vigne, poursuit Balkis, avait été plantée par Noé, le père de ta race. Un descendant de Noé n’a pas pu sans impiété faire arracher ce cep vénérable. C’est pourquoi le dernier prince de ta race sera cloué comme un criminel à ce bois qui devait être sacré pour toi ! »

Cependant, le feu des yeux de la Reine du Midi a embrasé le cœur de Salomon, et il est devant elle comme un serviteur, comme un esclave devant le maître de qui dépend sa vie. D’abord, l’orgueil de Salomon avait révolté Balkis ; mais bientôt elle a été touchée de voir que le Roi est devenu par l’amour un autre homme, et, fière d’avoir changé ce cœur superbe