Page:Taxil, Révélations complètes sur la franc-maçonnerie, Les frères Trois-Points, 1886, tome 2.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cependant, Caïn, pour racheter sa faute, cette faute excusable, commise dans un mouvement de légitime colère, mettait au service des enfants du limon cette âme supérieure qu’il tenait de l’Ange de Lumière, Éblis. Il leur apprenait à cultiver la terre. Hénoch, son fils, les initiait à la vie sociale. Mathusaël leur enseignait l’écriture. Lamech leur donnait l’exemple de la polygamie. Tubalcaïn, son fils, trouvait l’art de forger les métaux, perfectionnait ses découvertes et les propageait pour le bien des humains. Nohéma, qui connut charnellement son frère Tubalcaïn, leur apprenait l’art de filer et de faire de la toile pour s’en vêtir…

Admirez, mon Frère, à quel point le ressentiment contre l’injustice est faible dans les âmes supérieures. C’est Hiram, le descendant de Caïn, de Mathusaël, de Lamech, de Tubalcaïn et de Nohéma, qui emploie tout son génie, toute son industrie et toute son activité dans le plan et la construction de ce Temple que l’orgueil de Salomon élève à cet Adonaï, à ce Dieu implacable dont la haine poursuit, depuis le commencement des siècles, la race de Caïn de génération en génération.

Mais le fils de l’Esprit du Feu[1], des Génies du Travail, vit triste et solitaire au milieu des enfants d’Adam, et il n’a dit à aucun d’eux le secret de sa sublime origine. Tous le redoutent, et Salomon plus qu’aucun autre. La crainte qu’il inspire étouffe l’affection dans tous les cœurs avant qu’elle naisse, et Salomon, qu’un secret instinct avertit de la grandeur mystérieuse d’Hiram et qui se sent humilié devant lui, le hait de toute la force de son orgueil.

  1. Dans quelques rituels, l’architecte du Temple de Salomon est désigné ainsi : « Le Tyrien Hiram, fils d’Ur. » Ur veut dire « feu ». Cette désignation est rapportée, notamment, par le F∴ Clavel.