Page:Taxil, Révélations complètes sur la franc-maçonnerie, Les frères Trois-Points, 1886, tome 2.djvu/416

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

créés uniquement pour écarter l’ouvrier : la Maçonnerie veut bien l’exploiter, en dirigeant secrètement ses votes politiques (comme il va être expliqué plus loin) ; mais elle refuse de l’admettre dans son sein parce qu’elle aurait trop souvent à lui venir en aide, parce qu’elle fonctionne pour recevoir et non pour donner.

Cela est si vrai, c’est si bien l’ouvrier que l’on tient à l’écart comme un lépreux, que des dispenses existent pour deux classes de personnes ayant des ressources modiques, mais pour ces deux classes seulement : les instituteurs et les militaires. Il est juste de dire que les instituteurs et les militaires sont, pour la secte, des auxiliaires précieux : les premiers, à cause de l’influence qu’ils exercent autour d’eux, surtout dans les campagnes ; les seconds, à cause des services directs qu’ils peuvent rendre à l’Ordre en cas de révolution maçonnique.

Si la secte aimait le prolétaire, si elle avait à cœur de secourir le pauvre, elle l’accueillerait fraternellement, elle l’admettrait à ses assemblées, en lui accordant les mêmes dispenses qu’aux militaires et aux instituteurs.

Mais non, elle ne veut pas de lui, elle l’a en horreur.

Elle va même très loin dans sa haine de la pauvreté. Quelquefois, il arrive qu’un Frère, qui a été reçu Maçon à une époque où il était dans l’aisance, perd sa situation, est ruiné, passe au rang des malheureux. S’il a pris au sérieux les pompeuses déclarations de charité qui se trouvent dans les discours officiels prononcés au sein des Loges, il croit alors, le pauvre diable, qu’il lui sera tenu compte de ce qu’en son temps prospère il a souvent mis au Tronc de la Veuve, et il va, naïf, frapper à la porte de ses Frères, implorer l’assistance dont il est tant parlé dans les Statuts, invoquer cette solidarité maçonnique qu’il a entendu prôner si haut.