Page:Taxil, Révélations complètes sur la franc-maçonnerie, Les frères Trois-Points, 1886, tome 2.djvu/419

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été donnée à sa proposition, celui-ci lui répond que le Comité, à son grand regret, ne peut venir en aide à la misère que le Frère a bien voulu signaler, que les fonds sont bas, que la caisse de secours est épuisée, etc. Bref, c’est une proposition enterrée, et, comme en Loge personne ne peut prendre la parole sans l’avoir obtenue du Vénérable par l’intermédiaire des Surveillants, comme on ne peut au surplus parler que « dans l’intérêt de l’Atelier en particulier ou de la Maçonnerie en général », il s’ensuit que jamais une explication publique ne peut se produire.

Il y a bien, il est vrai, dans chaque Loge une Commission spéciale dite de Bienfaisance. Dame, il ne faut pas que le Tronc de la Veuve ait trop l’air de circuler pour les besoins de la propagande maçonnique. Mais les fonctions de ces Commissaires de Bienfaisance sont de véritables sinécures ; on n’a jamais entendu dire qu’un d’entre eux se cassa la jambe en montant l’escalier délabré du galetas d’une pauvresse. Fi donc ! visiter les pauvres ! cela est bon pour la Société de Saint-Vincent de Paul ; la Franc-Maçonnerie ne va point dans les taudis où elle risquerait de souiller ses cordons et ses tabliers sacrés à l’impur contact de la lèpre hideuse !

Le Tronc de la Veuve n’existe donc que pour les besoins de la propagande : quand il s’agit de fonder une bibliothèque impie, d’aider un organe de la secte qui ne fait pas ses frais, de rendre à un instituteur laïque un service, non d’intérêt personnel, mais d’interêt général au point de vue de l’exercice d’une influence irréligieuse, oh ! alors, le Vénérable donne lecture de la proposition et la met aux voix. Dans ce cas, la Loge vote une ou deux médailles, c’est-à-dire une ou deux pièces de cinq francs. Les quémandeurs de ces prétendus secours, en gens adroits, ont l’habitude, pour