Page:Taxil, Révélations complètes sur la franc-maçonnerie, Les frères Trois-Points, 1886, tome 2.djvu/44

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ce que j’avais vu et entendu dans la Loge, je m’étais senti transporté d’admiration pour la sagesse et la grandeur de notre institution, et que mon dévouement lui étant acquis à jamais, j’avais employé le temps de mon Apprentissage à dominer mes passions, à régler mes volontés, à me posséder pour être digne de travailler à la réalisation du but qu’elle poursuit et, qu’en outre, ayant reconnu, dans le premier degré, l’impérieuse nécessité d’une instruction solide, je venais la chercher dans le second.

D. Que fit-on alors ? — R. On me fit faire cinq voyages.

D. Que vous a-t-on enseigné dans ces voyages ? — R. Le Vénérable, usant toujours des formes symboliques, me fit remettre, par le Frère Expert, un maillet et un ciseau. Il m’apprit que la première année, ou plutôt la première période du travail d’un Compagnon, figurée par le premier voyage, doit être consacrée à l’étude des matériaux, ainsi qu’au perfectionnement de la coupe et de la taille des pierres qu’il a appris à dégrossir pendant son Apprentissage. Il me rappelait ainsi qu’un Apprenti Franc-Maçon, quelques connaissances qu’il ait acquises, est encore loin de pouvoir mener à bonne fin l’œuvre qu’il a entreprise, et qu’il lui reste des leçons à recevoir et des études sérieuses à faire. Comprenant que j’étais tout à la fois matière et ouvrier du Temple symbolique que la Maçonnerie élève à l’Humanité, je voyais, en outre, dans ces figures, que le travail accompli sur moi-même n’était pas achevé, et qu’il restait d’importantes imperfections que je devais m’efforcer de faire disparaître. En d’autres termes, j’appris dans ce premier voyage qu’il importe, par-dessus tout et avant toutes choses, quand on veut transformer et améliorer les sociétés humaines, de se connaître soi-même et de travailler à se perfectionner et à se dégager des préjugés et des superstitions qui nous aveuglent.

D. Qu’avez-vous appris dans le second ? — R. Armé cette fois d’un compas et d’une règle, on m’enseigna à me servir de ces instruments pour tracer des lignes sur des matériaux dégrossis et dressés. Leur précision me rappelait que notre conduite et tous les actes de notre volonté doivent être sagement mesurés et réglés, et que nous devons être exclusivement guidés, en toute circonstance, par la justice et par la raison, Ces instruments m’indiquaient encore que je devais, dans les travaux que je devais entreprendre, éloigner