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— Citoyens du club de l’Alhambra, vous êtes sur un volcan. La Monarchie s’apprête à confisquer la République. Depuis hier, le comte de Chambord est à Marseille. Il loge chez son ami, le marquis de Foresta. Il a passé sa journée d’aujourd’hui à distribuer de l’or à la troupe, et, en ce moment même, il est ici dans la salle.

Ces paroles provoquèrent un tumulte indescriptible. Toute l’assistance poussait des hurlements. Chacun accusait son voisin d’être le comte de Chambord. Plusieurs furent obligés de venir se justifier à la tribune et d’établir leur identité. Bref, on s’en retourna se mettre au lit sans avoir rien décidé.

J’étais un des orateurs ordinaires de l’Alhambra. Ce fut, sur mon initiative, qu’on fusilla, un beau dimanche, l’évêque de Marseille.

J’avais découvert, à la Bibliothèque de la ville, une affiche datant de 1793 et contenant un jugement du Tribunal Criminel Révolutionnaire du département des Bouches-du-Rhône. Ce jugement envoyait à la guillotine « le nommé Jean-Joachim Gail, âgé de cinquante ans, vicaire à Salon, ci-devant chanoine, convaincu du crime de contre-révolution. »