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utile que je dise un mot de lui en passant.

Le chef des radicaux ultra-pyrénéens est un homme de haute stature, taillé comme un hercule. Tout en lui respire l’audace, mais aussi une violente ambition.

Il se croit appelé à jouer encore un rôle important dans son pays.

Nous causâmes longuement, un jour qu’il vint rendre visite à Canzio. De notre conversation j’ai gardé la conviction que Zorilla est un républicain d’une espèce toute particulière, et, si mes amis de ce temps-là avaient pu l’entendre s’exprimer comme il le fit avec le sans-gêne du tête-à-tête, je crois que beaucoup auraient cessé de voir en lui un Bayard de la démocratie espagnole.

Comme l’exposé de son plan de campagne m’avait grandement surpris, je ne pus m’empêcher de lui dire, pour clore notre entretien :

— Mais enfin, citoyen Zorilla, quel est le résumé de votre programme particulier en politique ?

Zorilla eut une expression de physionomie qui ne peut se dépeindre et me répondit :

— Révolutionnaire devant les conservateurs, et conservateur devant les révolutionnaires !