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Bordone, est reçu à bras ouverts dans les salons parlementaires de la gauche. Les députés et sénateurs républicains ont passé l’éponge sur ses antécédents judiciaires et autres.

On le fête, on le choye, aussi bien chez les modérés que chez les radicaux ; car la Franc-Maçonnerie l’impose à tous. Lockroy l’embrasse, Spuller lui serre la main, et Clémenceau l’appelle « son cher ami ».

Moi-même, tant que j’ai été dans le parti, j’ai fait comme les autres ; j’ai subi Bordone. Imitant Paul Meurice, du Rappel, je n’ai pas publié le dossier fourni par Cluseret.

Je me disais aussi : « Cela ferait trop plaisir aux prêtres ! »

Comme le joug républicain est lourd ! Par politique, on accepte, dans ce monde d’aveugles, le dernier des scélérats.

Je n’oublierai jamais combien je souffris, lors de la commémoration garibaldienne du Cirque d’Hiver, d’être obligé de me trouver en contact avec ce misérable que je savais être un espion et un voleur.

Et Canzio, lui, si loyal et si brave !… Il était à la torture, il rougissait de colère et de honte. Il aimait tant Garibaldi que, pour ne