Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/35

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— Je vois, mon enfant, me dit-il, que vous n’êtes pas dans les sentiments qui sont indispensables pour recevoir l’eucharistie ; vous perdez la foi ; vous me racontez vos fautes, non comme on fait un aveu, mais comme on débite le récit d’une aventure. Vous n’avez aucune contrition… Allons, dites si je me trompe ; ayez un bon mouvement, mon enfant ; soyez sincère.

— En effet, répondis-je au pauvre prêtre qui en demeura atterré, je ne crois plus.

— Mon Dieu ! j’avais raison ! répliqua-t-il, navré, consterné ; est-ce bien possible ?… Mais alors, mon enfant, je ne puis vous donner l’absolution.

— Monsieur l’abbé, lui dis-je cyniquement, cessant tout à coup de l’appeler « mon père », monsieur l’abbé, que vous me donniez ou non l’absolution, je ferai demain mes pâques.

Mon confesseur fondit en larmes.

— Malheureux ! murmura-t-il, vous ne redoutez donc pas de commettre un sacrilège ?

Je me levai, et, me penchant vers lui, je lui dis froidement, à voix basse :

— Si je ne communiais pas avec tout le monde, je serais trop remarqué ; cela causerait un scandale ; déjà, mon professeur, l’abbé