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fit déchirer les placards. Le conseil des ministres délibéra à ce sujet, et il fut décidé, au dire du Temps, que je serais déféré aux tribunaux.

Alors ce qui se passa dans la presse républicaine fut inouï. Chaque journal déclara que les affiches étaient absolument inoffensives et que le ministre de l’intérieur, en les faisant arracher, commettait un acte d’arbitraire. Seulement, les écrivains du parti, sauf de rares exceptions, ajoutaient, comme s’ils eussent obéi à un mot d’ordre, qu’ils étaient désolés d’avoir à plaider, en cette occasion, la cause d’un infâme personnage, etc., etc. Toutes les vieilles calomnies furent rééditées dans cette circonstance ; ce fut un déchaînement général.

J’avoue que je ne m’attendais pas à ce coup-là. La Franc-Maçonnerie, qui ne me pardonnait pas mon indépendance, avait bien manœuvré.

Un désespoir profond m’envahit.

Je trouvais toute naturelle l’explosion de colère des catholiques : c’étaient des adversaires ; de leur part, toute récrimination était légitime. Mais, être en butte aux attaques des miens, et cela pour la millième fois, oh ! cela m’écœurait ; j’étais découragé, anéanti.