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sages qui me gênaient, devenait de plus en plus de la mauvaise foi.

Je ne pouvais me résoudre à donner au public les documents tels quels ; leur reproduction fidèle et complète eût été, je l’ai expliqué, la condamnation de ce que j’avais d’abord écrit, alors que je n’étais pas en possession du dossier in-extenso. Mais, en accomplissant cette besogne déloyale, je me disais, seul à seul avec ma conscience :

— Ce que je fais là n’est pas honnête.

Et puis, il faut bien le déclarer, je me sentais d’autant plus honteux que j’admirais le caractère sublime de Jeanne d’Arc.

Les passages que je retranchais du procès étaient ceux qui avaient trait à ses visions. Je maintenais intact, au contraire, tout ce qui faisait resplendir le patriotisme de la vierge lorraine ; en supprimant le surnaturel auquel je ne croyais pas, je transformais la Pucelle en « héroïne laïque ».

Je n’avais parlé des « voix » de Jeanne que lorsqu’il s’était agi de représenter la vaillante fille à Domremy. C’était à ce propos que j’avais formulé ma théorie sur les hallucinations.

Mais la suite de cette merveilleuse histoire m’embarrassait.