Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/370

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bonnes résolutions. Sans la grâce divine qui me poursuivit et m’accabla, qui sait si je ne serais pas retombé dans l’abîme ? qui sait si ma tentative de retour au bien, demeurée sans résultat, ne serait pas restée un secret entre Dieu et l’humble prêtre de Saint-Merri ?

Organisateur du Congrès de Rome, je fus nommé délégué. Je prévins mes collègues que mon rôle se bornerait à un service purement matériel ; sous cette réserve expresse, j’acceptai la délégation. Mes collègues, qui ne pouvaient se passer de moi (pas un d’entre eux n’avait des relations en Italie), souscrivirent à cette condition. En somme, nul d’eux n’a le droit de prétendre que je n’ai pas été en tout strictement correct.

Et, maintenant qu’on peut juger l’état de mon âme, on comprendra que ce voyage à Rome, effectué dans ces conditions, fut pour moi la plus douloureuse des corvées.

Quand j’y songe, je me dis parfois que je n’aurais pas dû l’accomplir. Si j’avais, par impossible, trouvé là-bas un peu de fraternité, je serais peut-être retourné à mes erreurs, trompé par ce mirage. Heureusement pour mon salut, j’eus, en Italie, le spectacle des mêmes haines entre libres-penseurs, et, une