Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Monsieur l’abbé, lui dis-je, j’ai un reliquat de souscriptions destinées à la Petite Œuvre. Soyez assez bon pour me faire savoir à quelle heure vous serez demain chez vous, afin que je vous remette l’argent en question.

La somme se montait à vingt-cinq francs à peu près. Le lendemain, à l’heure convenue, je les apportais à l’abbé Jouet.

Lorsque, un mois après, le missionnaire n’eut plus aucun doute, par les tristes nouvelles reçues de moi à Saint-Louis, sur ma perdition qui parut à tout le monde irrémédiable, il fut frappé de ma conduite en ce qui concernait la Petite Œuvre.

C’était à qui disait :

— Notre pauvre Gabriel est bien perdu à jamais ; il mourra dans l’impénitence finale.

Seul, parmi les professeurs du Collège Catholique, l’abbé Jouet avait confiance en mon retour.

— Non, répétait-il, il ne se peut pas que la grâce abandonne notre cher enfant ; elle le poursuivra, quand elle sera le plus repoussée par lui ; elle le vaincra, au moment où il se croira le plus fortement cuirassé par le mal. Il a pour lui, contre tout l’enfer déchaîné, la protection de Marie.