similitude d’origines me remplirent pour lui d’admiration. À l’issue de la séance, j’allai lui donner une vigoureuse poignée de main, en lui disant :
— Bravo, citoyen ! Moi aussi, j’ai été élevé dans l’erreur, et, comme vous, je suis venu à la vérité. Voulez-vous que nous soyons amis pour toujours ?
— À la vie, à la mort ! me répondit-il avec sa fougue méridionale.
Nous nous embrassâmes.
M. Royannez ou quelque autre lui avait dit qui j’étais. Il me donna à son tour son nom ; il s’appelait Clovis Hugues.
C’est ainsi que je passai mon temps, menant une existence sans but, fréquentant les clubs, noircissant du papier, me mêlant à toutes les manifestations populaires.
Quand la guerre éclata, je ne fus pourtant pas avec la foule. L’immense majorité criait : « À Berlin ! » Tout le monde pensait que nous ne ferions qu’une bouchée de nos ennemis les Prussiens ; sur ce point, les partisans et les adversaires du gouvernement étaient du même avis. Seulement, les républicains concluaient que, par cela même, l’Empire allait s’affermir.