Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/102

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et lui apporta un quart de livre de thé et une livre de marmelade. Darioûchka vint aussi et demeura une heure entière auprès de son lit avec une expression de chagrin hébété. Khôbotov le visita à son tour, lui apporta un flacon de bromure et ordonna à Nikîta de brûler quelque chose dans la salle.

Le soir, André Efîmytch mourut d’une attaque d’apoplexie.

D’abord il eut un grand frisson et la nausée. Une odeur, comparable à la puanteur des choux aigres et des œufs pourris, pénétra tout son corps et jusqu’à ses doigts, lui remonta de l’estomac à la tête et emplit ses yeux et ses oreilles, et il eut des lueurs vertes dans les yeux. André Efîmytch comprit que c’était la fin et il se souvint qu’Ivan Dmîtritch, que Michel Avériânytch et que des millions de gens croient à l’immortalité. Eh bien, voyons, si elle existait ?… Mais il ne désira pas l’immortalité, et n’y pensa qu’un instant. Un troupeau d’antilopes extraordinairement belles et gracieuses, sur lesquelles il avait lu quelque chose la veille au soir, passa devant lui. Une femme ensuite lui tendit une lettre recommandée. Michel Avériânytch lui dit quelque chose. Et tout sombra. André Efîmytch oublia tout, pour toujours.

Les garçons de l’hôpital le prirent par les bras et les pieds, et le portèrent dans la chapelle. On l’y laissa étendu, les yeux ouverts, sur une table, et