Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/169

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fleurissent comme autrefois sur les fenêtres. Et ce qui se passa trois ans auparavant chez Tsyboûkine est presque oublié.

Le chef de la maison semble, comme autrefois, Grigôri Pétrôvitch, mais, en fait, tout est passé aux mains d’Akssînia. Elle achète, vend, et rien ne peut se faire sans son consentement. Sa briqueterie marche bien. Par suite de la demande pour un chemin de fer, le prix des briques est monté à vingt-quatre roubles le mille. Des femmes et des filles conduisent la brique à la gare et chargent les wagons. Elles sont payées vingt-cinq kopeks par jour [1].

Akssînia est associée aux Khrymine, et leur raison sociale est : « Khrymine jeunes et Cie » Ils ont ouvert un traktir près de la gare et c’est dans ce traktir et non plus à la fabrique que l’on joue sur l’accordéon. Il y vient le directeur de la poste et le chef de gare qui font, eux aussi, je ne sais quel commerce. Les Khrymine jeunes ont donné au sourd une montre en or et il ne fait que de la tirer de sa poche et la porter à son oreille.

On dit d’Akssînia, dans le village, qu’elle a pris une grande force, et, en effet, on sent en elle une grande force quand, le matin, elle part pour l’usine, belle et heureuse, avec son sourire naïf, et quand

  1. 60 centimes de jadis. (T.)