Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/179

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temps de courir les tribunaux. Bah ! laissons-les !

Il fit un somme après avoir mangé le pâté, puis il dîna et fit un autre somme. Ensuite il alla à la prière du soir à son église dont il était le marguillier. Après la prière, il retourna chez les amis où il y avait eu la fête et il joua jusqu’à minuit. Tout allait bien sans doute.

Cependant lorsqu’Avdiéiév rentra chez lui, la cuisinière, en lui ouvrant, était pâle et si tremblante qu’elle ne put dire un mot. Sa femme Elizavêta Trofîmovna, vieille femme corpulente et soufflée, était assise, ses cheveux gris en désordre, dans la salle sur un divan, tremblant de tout le corps, et elle roulait, comme si elle eût été ivre, des yeux égarés. Auprès d’elle s’empressait, un verre d’eau à la main, pâle aussi et extrêmement troublé, son fils aîné, Vassîli, en costume de collégien.

– Qu’y a-t-il ? demanda Avdiéiév jetant du côté du poêle un regard mécontent.

– Le juge d’instruction est venu avec de la police, répondit Vassîli. On a perquisitionné.

Avdiéiév regarda autour de lui : les armoires, les commodes, les tables, tout portait les traces d’une perquisition récente. Une minute, le marchand demeura immobile, comme pris de catalepsie, sans rien comprendre. Puis, tous ses membres se mirent à trembler et devinrent lourds ;