Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/204

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laquelle la benne arriva était effroyable… Après cela, je perdis connaissance. On me tira du puits, et on me porta à l’hôpital. J’y demeurai quatre mois, et les docteurs dirent que j’allais devenir phtisique. Et en effet, maintenant je tousse sans cesse, la poitrine me fait mal, et j’ai de singuliers troubles psychologiques ; quand je suis seul dans une chambre, j’ai des peurs terribles. Dans un pareil état de santé, je ne pouvais pas devenir chef mineur. Je dus quitter l’école.

– Et maintenant que faites-vous ? lui demandai-je.

– J’ai passé l’examen pour être instituteur de campagne. Je suis maintenant orthodoxe et j’ai le droit d’être nommé. À Novotcherkâssk, où j’ai été baptisé, on a pris grand intérêt à moi et on m’a promis une place dans une des écoles dépendantes du clergé. Dans deux semaines, je retournerai là-bas et je la redemanderai.

Alexandre Ivânytch quitta son pardessus et demeura vêtu, comme un homme du peuple, d’une chemise russe à col soutaché, retenue par une ceinture de soie.

– Il est temps de dormir, dit-il, bâillant et roulant son pardessus en forme de traversin. Voyez-vous, fit-il, jusqu’aux derniers temps j’ignorais Dieu complètement. J’étais athée. Lorsque je me trouvai couché à l’hôpital, je me ressouvins de la