Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/44

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affectionnait lancer dans le discours des mots comme « cannetille », « truc au vinaigre », « cesse d’accumuler des ombres, » etc.…

Il venait à l’hôpital deux fois par semaine, parcourait les salles, et faisait la consultation. Le manque complet d’antisepsie et l’application de ventouses le révoltaient, mais il n’introduisait pas les nouvelles méthodes, craignant de froisser André Efîmytch. Il le considérait comme un vieux coquin, le croyait extrêmement riche et l’enviait en secret. Il aurait bien voulu sa place.


IX

Un soir de la fin de mars, comme il n’y avait déjà plus de neige sur la terre et que les sansonnets chantaient dans le jardin de l’hôpital, André Efîmytch sortit pour accompagner son ami le maître de poste jusqu’à la grand’porte de l’hôpital. Il y rencontra Moïseïka qui rentrait. Le juif était sans chapeau, les pieds nus dans des caoutchoucs, et il portait un petit sac plein des aumônes qu’on lui avait faites.

– Donne-moi un petit kopek ! demanda-t-il au docteur, tremblant de froid, et souriant.

André Efîmytch, qui ne savait pas refuser, lui