Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/51

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de la persécution me torture d’une peur continuelle, soit ! Mais il est des minutes où il me prend une telle soif de vivre que j’ai vraiment peur de perdre la tête. Je désire furieusement vivre ; furieusement !

Il se mit à parcourir la salle avec agitation et dit, baissant la voix :

– Quand je rêve, des visions me poursuivent. Des gens s’approchent de moi, j’entends des voix, de la musique ; il me semble que je me promène dans quelque forêt, au bord de la mer, et je désire avec passion avoir des occupations et des soucis… Dites-moi, demanda brusquement Ivan Dmîtritch : y a-t-il quelque chose de nouveau là-bas ? Que s’y passe-t-il ?

– Désirez-vous savoir ce qui se passe en ville ou dans le monde ?

– Eh bien, dites-moi d’abord ce qui se passe en ville, ensuite vous me direz ce qui se passe ailleurs !

– Bien ! Voyons ?… La vie en ville est mortellement ennuyeuse… Il n’y a personne à qui parler, personne à écouter. Pas de nouveaux venus… Pourtant il est arrivé, il y a peu de temps, un jeune médecin, Khôbotov.

– Il est arrivé quand j’étais encore libre. Eh bien ! qu’est-ce que c’est ? un malotru ?

– Oui, un homme sans culture. C’est étrange,