Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/55

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Ces mots manifestement agirent sur Ivan Dmîtritch ; il s’assit, calmé.

Il était cinq heures, l’heure à laquelle, habituellement, André Efîmytch faisait les cent pas dans son appartement, et l’heure à laquelle Dâriouchka lui demandait s’il voulait prendre de la bière. Le temps dehors était doux et limpide.

– Après dîner je suis allé me promener, et, comme vous le voyez, je suis entré en passant, dit le docteur. C’est tout à fait le printemps.

– Quel mois avons-nous ? demanda Ivan Dmîtritch ; mars ?

– Oui, la fin de mars.

– Il y a de la boue ?

– Très peu. Il y a déjà des petits sentiers propres dans le jardin.

– Il ferait bon aller se promener en voiture hors de la ville, soupira Ivan Dmîtritch, frottant ses yeux rouges comme s’il se réveillait. Et ensuite rentrer chez soi, dans un cabinet de travail bien chaud et confortable, et… et se faire soigner du mal de tête par un médecin compétent… Il a y longtemps que je n’ai pas vécu en être humain… Ici, c’est sale ; intolérablement sale.

Depuis son excitation de la veille, il était fatigué et las, et ne parlait que malgré lui. Ses doigts tremblaient, et on voyait qu’il avait un mal de tête violent.