Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/62

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mais le philosophe a réponse toute prête à ce cas-là : Tends à la compréhension des choses et au bien véritable. Et qu’est-ce qu’est ce fantastique « bien véritable » ? En somme personne ne peut le dire !… On nous tient ici sous grilles ; on nous laisse croupir ; on nous torture : c’est très bien, c’est raisonnable, parce qu’il n’y a aucune différence entre cette salle 6 et une bonne chambre chaude !… Commode philosophie ! On ne fait rien, on a une conscience tranquille, et l’on se croit sage !… Non, monsieur, ce n’est pas de la philosophie, ce n’est pas du raisonnement, ce n’est pas une vue large et profonde ; ce n’est que de la paresse, du fakirisme : ce n’est qu’un rêve dément. Oui ! se fâcha encore Ivan Dmîtritch, vous dédaignez la souffrance ; mais que vous vous pinciez le doigt dans une porte, vous braillez à plein gosier !

– Il se peut que je ne braille pas, dit André Efîmytch, souriant doucement.

– Allons donc ! Si une paralysie vous prenait, ou si, supposons-le, un sot ou un insolent, à la faveur de sa position ou de son rang, vous offensait en public sans que vous en puissiez tirer réparation, alors vous sentiriez ce que c’est que renvoyer les autres à la compréhension des choses et du bien véritable.

– C’est original, dit André Efîmytch, souriant de plaisir et se frottant les mains. Votre penchant