Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/77

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Moscou beaucoup de filous, et qu’il ne faut pas juger de la qualité des chevaux sur l’apparence.

Le docteur commençait à avoir des bourdonnements dans la tête et des battements de cœur. Mais par délicatesse, il n’osait pas prier son ami de s’en aller ou de se taire. Heureusement pour lui, Michel Avériânytch se lassa de rester enfermé dans une chambre d’hôtel, et après le repas il s’en fut se promener.

Resté seul, André Efîmytch éprouva une sensation de soulagement délicieuse. Comme il est agréable de rester couché sur un divan et de pouvoir se dire qu’on est seul dans sa chambre !… Hors de la solitude, le bonheur est impossible… Le docteur pensa que l’ange déchu avait trahi Dieu par désir de la solitude, qui n’est pas donnée aux anges. André Efîmytch voulut songer à ce qu’il avait vu et entendu les jours précédents, mais il pensait toujours à Michel Avériânytch.

« Ainsi donc, se disait le docteur avec ennui, il a pris un congé et est venu avec moi par amitié, par générosité !… Rien n’est plus insupportable que cette tutelle amicale. Il peut être bon, généreux, boute-en-train, mais il m’ennuie ; il est insupportablement ennuyeux ! Il y a ainsi des gens qui ne disent jamais que de bonnes et de belles paroles, et que vous sentez n’être que des imbéciles. »

Les jours suivants, André Efîmytch continua à