Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/86

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– Il est temps de vous rétablir, confrère, dit Khôbotov, bâillant. Il est temps. Allons, je vois que toute cette cannetille commence à vous ennuyer vous-même.

– Nous guérirons, dit Michel Avériânytch, joyeusement. Nous vivrons encore cent ans. Parole d’honneur !

– Cent ans, c’est beaucoup, dit Khôbotov consolant, mais vingt, nous y arriverons. Bah ! confrère, ce n’est rien, ne perdez pas courage ! Cessez d’accumuler des ombres.

– Nous nous montrerons encore, dit en riant Michel Avériânytch, tapant sur les genoux de son ami ; nous nous ferons voir. L’été prochain, si Dieu le veut, nous filons au Caucase et nous le parcourons à cheval, hop ! hop ! hop ! Et en revenant du Caucase, attendez un peu, nous nous amuserons encore à une noce (Michel Avériânytch clignota les yeux d’un air fin), nous vous marierons, mon bon ami !… Nous vous marierons…

André Efîmytch se sentit tout à coup excédé. Son cœur se mit à battre violemment.

– C’est insipide ! dit-il, se levant vite et marchant vers la fenêtre. Comment ne comprenez-vous pas que vous dites des insipidités ?

Il voulait garder un ton poli, mais, malgré lui, ses poings se serrèrent et il les leva au-dessus de sa tête.